Walid Phares, du cabinet de relations publiques pro-israélien Benador Associates, présente une lecture totalement irrationnelle de la polémique sur le foulard islamique. Jacques Chirac aurait tenté de passer un marché avec le diable : soutenir les Irakiens et les Palestiniens et obtenir en échange de pouvoir interdire le voile. Mais il se serait damné pour rien et Al Qaïda aurait fait sauter l’avion français qui s’est abîmé près de Charm-el-Scheik.
Le professeur David Miller analyse dans le Guardian d’adoption par le Royaume-Uni de la doctrine militaire états-unienne de « domination de l’information ». Désormais la distinction classique entre information et propagande est dépassée : l’information est contrainte de passer par un filtre. C’est ce que l’on a vu avec les « journalistes embarqués » pendant la guerre d’Irak. Plus encore que de chercher à les intoxiquer, on les a contraints à adopter le point de vue de la Coalition. Simultanément, on a attaqué les « journalistes indépendants », quels qu’ils soient.
L’écrivain Ayaa Bayoumi s’efforce de tenir un discours homologue sur l’islamophobie dans l’International Herald Tribune. S’il cite des exemples précis d’attaques de mosquées au Royaume-Uni et de déclarations diffamatoires de personnalités comme Silvio Berlusconi, il se montre particulièrement aveugle en assimilant le refus par Jacques Chirac du voile à l’école à de l’islamophobie.
La chercheuse Diana Pinto lui répond dans le même quotidien que la position de Jacques Chirac doit être replacée dans le contexte historique de la laïcité française. Elle peut être considérée comme rigide, maladroite et erronée, mais pas comme islamophobe.
Walid Phares, du cabinet de relations publiques pro-israélien Benador Associates, présente, quant à lui dans le Washington Times, une lecture de cette polémique au regard de la « guerre des civilisations ». Jacques Chirac aurait tenté de passer un marché avec le diable : soutenir les Irakiens et les Palestiniens en politique internationale et obtenir en échange de pouvoir interdire le voile et limiter l’islam en politique intérieure. Mais il se serait damné pour rien car les musulmans en veulent toujours plus. C’est pourquoi Al Qaïda aurait fait sauter l’avion français qui s’est abîmé près de Charm-el-Scheik. Le principal problème de cette démonstration fantaisiste est qu’elle repose sur un argument imaginaire : jusqu’à preuve du contraire, la chute de cet avion est accidentelle.
Dans la même veine irrationnelle, Edgard M. Bronfman et Cobi Benatoff, respectivement président du Congrès juif mondial et du Congrès juif européen, accusent la Commission européenne d’antisémitisme dans une tribune retentissante du Financial Times. Ils reprochent à la Commission, et nommément à son président Romano Prodi, d’avoir publié un sondage sur les États qui menacent la paix et d’avoir refusé de publier une étude sur l’antisémitisme européen. En réponse la Commission, estimant que les conditions d’un débat serein n’étaient pas remplies, a immédiatement ajourné sine die le séminaire sur l’antisémitisme qu’elle avait convoqué.
L’attaque de MM. Bronfman et Benatoff est particulièrement mal argumentée et apparaît comme une volonté d’imposer un point de vue et un discours : il serait répréhensible de constater que le colonialisme israélien menace la paix et d’exiger une enquête sociologique rigoureuse avant de se permettre d’affirmer que les musulmans d’Europe sont antisémites.
Après ce déferlement d’obscurantisme, on appréciera la tribune de Susan Jacoby du Center for Inquiry dans le New York Times. Elle déplore la lâcheté des Démocrates qui se croient obligés de jouer les bigots dans la campagne électorale états-unienne. Ils contribuent à valider l’idée selon laquelle le pouvoir vient de Dieu et non du peuple, c’est-à-dire la philosophie politique de George W. Bush et non celle des pères fondateurs, qui refusèrent d’inscrire une référence à Dieu dans la Constitution.
Karma Nabulsi, ancienne représentante de l’OLP, s’indigne dans le Guardian de la crédibilité accordée à l’Initiative de Genève. Ceux qui pensent pouvoir négocier l’abandon par le peuple palestinien de son droit au retour ne peuvent prétendre le représenter et ne lui apportent aucun espoir.
Enfin, le major Roger D. Carstens du Council for Emerging National Security Affairs, dénonce dans le Washington Times la prétendue « diplomatie des tremblements de terre ». Pour lui, les États-Unis ne doivent pas porter secours à l’Iran endeuillé, mais le combattre. En effet, Téhéran financerait des organisations terroristes comme l’OPL sunnite (sic !) et hébergerait Ben Laden (sic !). Cependant, il ne conviendrait pas d’entrer en confrontation directe avec une puissance qui serait nucléaire, mais plutôt d’y organiser une « révolution de velours » comme en Serbie et en Géorgie. Là encore, l’argumentaire ne se soucie pas de la réalité.
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