Le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom, a minimisé les informations parues dans la presse et faisant état de différences d’opinion entre lui et le Premier ministre Ariel Sharon, concernant les dossiers libyen et syrien. Depuis l’Éthiopie, où il est en visite officielle, il a déclaré que lui et Ariel Sharon « travaillent ensemble » pour essayer de renforcer les liens avec le monde arabe.
Ces déclarations du ministre des Affaires étrangères font suite aux soupçons officieux qui circulent au sein du corps diplomatique israélien et font du Premier ministre le responsable des fuites sur les contacts avec la Libye. Sur ce dossier, Silvan Shalom a ajouté qu’Ariel Sharon était pleinement au courant des négociations diplomatiques.
Il en a profité pour préciser sa position : « J’ai dit plus d’une fois que si la Libye et Khadafi changeaient leur approche d’Israël, cessaient leur soutien au terrorisme, démantelaient leurs armes de destruction massive, alors il n’y a aucun doute que nous souhaiterions discuter avec la Libye et tous les autres pays arabes intéressés par la paix ». D’après lui, nouer des liens avec le monde arabe est l’objectif central de la politique étrangère israélienne, pas sa propre initiative individuelle. Silvan Shalom a également affirmé qu’Israël avait secrètement lancé des discussions avec la Syrie il y a huit mois, avec des personnalités « très proches » de Bashar al-Assad mais avait cessé après que des informations sur ces réunions eurent fuité.
Il a précisé qu’il souhaitait que ces contacts se poursuivent, et que cela ne contredisait pas les souhaits de l’administration états-unienne : « L’existence de discussions ne présuppose par qu’elles aboutissent. L’administration états-unienne a simplement demandé qu’Assad remplisse ses obligations vis-à-vis de Powell, notamment en fermant les quartiers généraux des organisations terroristes et en cessant de soutenir ces organisations. (…) Négocier avec la Syrie nous fait passer pour des pacifistes, lance un défi à Assad, et met la pression sur les Palestiniens en leur faisant savoir que nous avons d’autres options ». Ces déclarations sont une réponse aux critiques formulées par le ministre de la Justice, Yosef Lapid, qui regrettait qu’Israël apparaisse comme refusant de faire la paix et incitait à la tenue de discussions avec Damas.
Le Premier ministre a d’ailleurs repris à son compte ces déclaration, dimanche 11 janvier, en indiquant qu’Israël accepterait de discuter avec la Syrie une fois que celle-ci aura cessé de soutenir le terrorisme. Il a ajouté qu’il avait demandé à son ministre des Affaires étrangères de conditionner les contacts diplomatiques avec les pays arabes à leur décision de cesser le soutien au terrorisme.
L’émissaire de l’Union européenne au Proche-Orient, Marc Otte, a pour sa part déclaré à Damas, dimanche, que l’UE était disposée à relancer les négociations. Le même jour, la Syrie a rejeté l’invitation du président israélien, Moshe Katsav, à son homologue syrien, Bashar al-Assad, pour que celui-ci se rende à Jérusalem. Des membres de l’administration syrienne ont qualifié cette initiative de « propagande israélienne ».
Par ailleurs, au cours de sa visite en Éthiopie, le ministre des Affaires étrangères israélien a remercié les dirigeants du pays pour leur vote contre le renvoi de la question de la construction du mur de séparation devant la Cour de Justice internationale de La Haye. L’Éthiopie fait en effet partie des sept pays qui ont voté contre la résolution.
D’après des membres de l’entourage de Silvan Shalom cités par le Jerusalem Post, Seyoum Mesfin, le ministre des Affaires étrangères éthiopien, aurait déclaré que les pays africains, qui votent traditionnellement contre Israël dans les organisations internationales, devraient modifier cette politique qui les rend inexistants dans le processus de paix. Le ministre éthiopien aurait ajouté que son pays est « un pont entre le Proche-Orient et l’Afrique » et fera tout ce qu’il peut pour promouvoir une paix multilatérale et bilatérale.

Source
Jerusalem Post (Israël)

"Shalom downplays reports of rift with PM", par Herb Keinon, Jerusalem Post, 8 janvier 2004. « President Katsav invites Assad to Jerusalem », par Herb Keinon, Jerusalem Post, 11 janvier 2004.