L’accroissement naturel relatif des populations palestinienne et israélienne est un sujet de préoccupation important pour les Israéliens qui veulent que leur État reste à majorité juive. Sa rapidité est liée à la combinaison de facteurs uniques au monde : l’importance des traditions religieuses et des affirmations identitaires dans un contexte de santé publique moderne et de compétition démographique ; la diminution de la fécondité par femme chez les musulmans diminue comme partout dans le monde musulman, mais cette baisse est moins importante du fait de ce qu’Emmanuel Todd a appelé la « fécondité de combat ».
Ainsi, la fécondité en Israël est largement supérieure à celle des autres pays développés et si elle atteint un taux proche de deux enfants chez les juifs sécularisés et les Arabes chrétiens, ce taux dépasse les sept enfants par femme chez les juifs ultra-orthodoxes et à Gaza.
L’ensemble Israël-Palestine rassemble aujourd’hui 9,3 millions d’habitants dont 53 % de juifs et 42 % de musulmans. Si on fait des projections sur l’avenir en adoptant l’hypothèse médiane concernant les diminutions respectives des taux de fécondité et qu’on fait l’hypothèse d’une immigration nulle, la région comptera 14,4 millions d’habitants en 2020 dont 6,7 millions de juifs et 7,7 millions de musulmans et en 2050, la population atteindra les 23,5 millions d’habitants dont 8,8 millions de juifs et 14,7 millions de musulmans. La part de population juive sur l’ensemble du territoire sera alors de 35-37 %, la même proportion que sous le protectorat britannique. Seule l’immigration peut changer ses chiffres.
C’est seulement avec la fin du terrorisme et le retrait de l’armée israélienne que cette question perdra son acuité.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Les lois de la démographie au Proche-Orient », par Sergio Dellapergola et Michel-Louis Lévy, Le Figaro, 13 janvier 2004. Ce texte, dont l’essentiel des statistiques provient de Demography in Israël-Palestine, reprend de larges extraits de l’article paru dans la dernière livraison de la revue Commentaire.