La pérennité de l’euro semble remise en cause par le rejet des Suédois, le nouveau report du référendum britannique et les difficultés économiques des pays de la zone euro comparées à la bonne santé des pays eurosceptiques. À ce jour, la monnaie unique n’a guère enrayé le malaise économique européen et on peut même s’interroger sur son éventuelle responsabilité dans les difficultés économiques de la zone.
Le lancement de l’euro en 1999 était une décision politique, pas économique. En effet, la zone euro n’est pas une zone monétaire optimum (ZMO) du fait de la trop faible part des échanges entre pays membres dans les échanges extérieurs des pays de la zone euro et de la faible mobilité des travailleurs entre les pays. Ignorant cette question essentielle, l’euro a créé une politique monétaire unique gérée par la Banque centrale européenne privant les pays de la zone euro de deux de leurs trois outils de politiques économiques indépendantes : la politique monétaire et le flexibilité des taux de change. Le troisième outil, la politique budgétaire est considérablement réduit par la Pacte de stabilité.
Aucune réforme n’est prévue pour transformer la zone euro en ZMO hormis de vagues projets d’accroissement des moyens budgétaires de Bruxelles prévus pour amortir les chocs économiques nationaux. Une autre difficulté réside dans le fait que le calendrier électoral des différents pays n’est pas synchronisé ce qui exacerbe les différences dans les cycles économiques des pays membres car les périodes électorales sont des phases de politique budgétaire expansionniste. Cette distinction entre politique monétaire centralisée et politique budgétaire décentralisée entraîne une variation du pouvoir d’achat de l’euro dans certains pays par rapport à d’autres. Cela pourrait aboutir, dans l’extrême, à une situation analogue à la crise argentine plombée par la parité peso-dollar. Même si on n’arrive pas à cette extrémité, l’Espagne, la Grèce et la Finlande pourraient en avoir assez d’un euro surévalué et faire sécession.
La croissance pourrait améliorer la situation si des réformes sont entreprises, mais la récession et l’arrivée de nouveaux membres ne feraient qu’affaiblir un attelage déjà fragile.
« Les jours de l’euro sont-ils comptés ? », par Anthony Gribe et Laurent Jacque, Le Monde, 15 janvier 2004.
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