Permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d’être à Doha la capitale d’un Etat qui a toujours entretenu des relations très proches avec la France et je tiens à remercier mes hôtes qatariens de la chaleur de leur accueil qui est à la mesure de l’excellence de nos relations.
Nous avons eu de très bons entretiens avec mon ami Cheikh Ahmed Bin Jassem Al Thani, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères où comme il l’a très bien dit, nous avons pu évoquer l’ensemble des problèmes qui nous intéressent.
Nous aurons le plaisir, tout à l’heure de dîner avec Son Altesse l’Emir du Qatar, Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, et c’est évidemment une très grande joie et un très grand honneur pour moi. La tournée que j’effectue dans cette région m’a conduit des Emirats arabes unis à Oman, à Koweït ce matin et maintenant à Doha. Elle a pour but essentiel de resserrer les relations que nous avons avec l’ensemble de ces pays et évidemment l’étape de Doha a une signification particulière pour moi compte tenu de l’étroitesse de nos liens. Nous avons une très large convergence de vue sur l’ensemble des sujets que nous avons abordés. Chacun connaît le dialogue continu qui existe entre nos deux pays. Le président de la République a reçu Son Altesse l’Emir, le 12 mai dernier, j’ai rencontré mon homologue à Paris, et Mme Alliot-Marie aussi a eu des entretiens avec lui au Qatar l’année dernière.
Nous avons évoqué bien sur la question de l’Irak pour marquer l’importance pour l’ensemble de la communauté internationale, d’œuvrer dans le même sens. La résolution 1511, l’accord du 15 novembre en marquent le chemin et nous souhaitons bien sûr que le processus politique puisse s’intensifier jusqu’au retour à la pleine souveraineté de l’Irak le 30 juin. Nous pensons que les Nations unies ont un rôle important à jouer, rôle d’autant plus important une fois le retour de la souveraineté effectué qu’il faudra préparer la Constitution et aussi organiser les élections générales à la fin 2005.
Au Proche-Orient, nous pensons que tout doit être fait pour dépasser et sortir de l’impasse actuelle. Il est essentiel que des initiatives puissent être prises et nous réfléchissons avec nos amis européens pour que ceci ait lieu en liaison avec les autres membres du Quartet et bien sûr nos amis américains. Nous pensons qu’un certain nombre de mécanismes sont susceptibles de nous aider à sortir de la situation actuelle et en particulier un élargissement du comité de supervision ou une conférence internationale - comme nous l’avons proposé il y a maintenant un certain nombre de mois - et puis le déploiement d’une force sur le terrain, autant de mécanismes qui doivent pouvoir donner toute sa chance à la Feuille de route et nous sommes convaincus que les accords de Genève constituent une nouvelle chance supplémentaire qui éclaire l’horizon.
La dimension de sécurité et de stabilité est évidemment, dans cette période, essentielle. C’est pour cela que nous pensons que dans la situation de l’Irak, il est important après le retour à la souveraineté de ce pays, de réfléchir à ce que pourrait être une conférence internationale réunissant l’ensemble des pays de la région, l’ensemble des pays intéressés au sein de la communauté internationale, de façon à assurer la meilleure insertion possible de l’Irak par rapport à l’ensemble de ses voisins. De la même façon, une nouvelle architecture de sécurité nous paraît importante pour réfléchir à la meilleure façon de traiter les questions du terrorisme, les questions de prolifération, la stabilisation et le respect des frontières, autant de dimensions qui sont essentielles.
Sur le plan bilatéral, je tiens à me féliciter du bon développement de nos échanges dans le domaine de l’économie, de la coopération culturelle, scientifique et technique ou de la défense.
Les domaines de coopération sont nombreux. Dans le secteur de l’aéronautique, avec sa récente commande, Qatar Airways est devenu le client de lancement de l’A 380. Dans le secteur des hydrocarbures, je mentionnerai l’investissement de Total. Nous restons disponibles bien sûr pour participer à l’effort de sécurité et de défense du Qatar. Enfin, le secteur culturel, et c’est un élément très important pour la France, offre également de nombreuses opportunités comme en témoigne la contribution française à la création du musée d’art islamique de Doha dont l’étude d’aménagement a été confiée à l’architecte Wilmotte. Je tiens à rappeler par ailleurs que l’ENI, une filiale du groupe Lagardère, a été chargée par la Qatar Foundation de mettre sur pied un important projet de télévision destiné à la jeunesse. Ce projet devrait voir le jour à l’automne prochain.
Pour conclure, permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d’être reçu dans quelques instants par son altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir du Qatar. Je vous remercie.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez eu des entretiens aujourd’hui. Quelle est votre position vis-à-vis des voix que l’on a entendues concernant la partition de l’Irak ? Quelle est votre position à ce sujet ?
R - En ce qui concerne la situation de l’Irak, vous savez, nous sommes très attachés à la défense de l’unité de l’Irak et c’est pour cela que nous pensons important que le dialogue politique puisse avoir lieu entre l’ensemble des forces politiques irakiennes et que ce processus politique, qu’il s’agit de faire avancer jusqu’au 30 juin, jusqu’au retour à la souveraineté de l’Irak, soit le plus inclusif possible pour intégrer toutes les composantes de la vie politique irakienne qui refusent la violence. Mais l’unité de l’Irak est bien pour nous une condition de la stabilité de l’ensemble de la région et c’est pour cela que nous y sommes attachés.
Q - Monsieur de Villepin, concernant la dette irakienne, quelles sont les dernières informations concernant ce sujet avec le Club de Paris et concernant la visite à Paris demain de M. Rohani ; s’agirait-il de parler du dossier des "Moudjahedine du peuple" par exemple durant cette visite ?
R - En ce qui concerne la situation financière et la dette de l’Irak, nous avons eu l’occasion d’expliquer aux représentants du Conseil de gouvernement, lorsqu’ils sont venus à Paris, quelle était la situation. Nous l’avons redit à M. James Baker. Nous sommes tout à fait désireux de prendre en compte la situation et d’alléger le fardeau de la dette. C’est un geste qui nous paraît tout à fait naturel et important vis-à-vis du peuple irakien. Bien sûr, il faut le faire dans le cadre qui est prévu pour cela. Vous savez que la France préside le Club de Paris et vous savez que préalablement à tout accord, il faut un accord du Fonds monétaire international et un gouvernement souverain en Irak. Donc, nous espérons pouvoir aboutir dans ce processus avec l’ensemble des partenaires qui sont concernés par ces questions financières dans le courant de l’année 2004.
En ce qui concerne la visite du Dr Rohani à Paris, je le recevrai jeudi matin. Bien évidemment, ce qui formera l’essentiel de nos entretiens, ce sont les questions de prolifération et le souhait que nous avons, compte tenu des engagements qui ont été pris par l’Iran, de continuer d’avancer dans un dialogue constructif. Il est essentiel que ce dialogue puisse se développer au-delà de ce qui a été décidé dans le cadre de l’Agence internationale de l’énergie atomique et que nous puissions poursuivre sur le chemin de la non-prolifération ; vous savez que c’est une des grandes priorités de l’action que nous menons. Des engagements ont été pris par l’Iran, des évolutions importantes ont été le fait de la Libye. Il y a actuellement, vous le savez, dans le cadre des six, un dialogue approfondi qui se fait avec la Corée du Nord. Il est essentiel de poursuivre dans cette direction et nous souhaitons que l’ensemble des pays, dans le cadre d’un dialogue constructif et pacifique, puisse s’associer à ces mesures.
Q - Certains membres du Conseil de gouvernement irakien ont indiqué qu’ils étaient prêts à autoriser des investissements français dans les champs pétroliers. Vous ont-il fourni des indications sur leur volonté d’engager des pourparlers avec la France sur l’ensemble de ces sujets ?
R - Je me félicite de toutes les déclarations qui vont dans le sens du dialogue et de l’ouverture. Nous avons eu un dialogue confiant, amical et approfondi avec les représentants du Conseil de gouvernement lorsqu’ils sont venus à Paris et je pense qu’aujourd’hui il est temps que la communauté internationale se retrouve ensemble pour travailler dans le sens de la reconstruction de l’Irak. Donc, tout ce qui va dans ce sens nous réjouit bien sûr.
Source : ministère français des Affaires étrangères
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter