Le Forum économique qui s’est ouvert à Jeddah, en Arabie saoudite, dimanche 18 janvier 2004, a été l’occasion de débattre de l’établissement d’un espace économique commun pour le monde arabe.
Le premier intervenant n’était autre que le Premier ministre libanais, Rafic Hariri, qui a décrit par le menu le « miracle économique » libanais, qui a permis à son pays de se redresser d’une guerre civile meurtrière et coûteuse. Depuis 1992, le Liban est parvenu à reconstruire les infrastructures du pays, à réorganiser les armées et à relancer l’activité économique. Ceci grâce une politique de reconstruction, non seulement de l’économie du pays, mais aussi de ses institutions politiques et sociales. Rafic Hariri a néanmoins souligné qu’il restait des problèmes à résoudre : « tout d’abord, une partie du sud du pays est occupée, et deuxièmement, nous avons une dette publique et un déficit budgétaire ».
Selon lui, le Liban « a besoin de meilleures relations entre les partis politiques du pays. Nous devons aborder les problèmes tous ensemble et essayer de les résoudre tous ensemble, car vivre ensemble est essentiel pour le peuple libanais. (…) Les partis politiques doivent comprendre qu’aucun d’entre eux ne peut gouverner seul et qu’ils doivent s’accorder sur un programme politique qui sauvera l’économie et l’avenir du pays ».
Le Premier ministre libanais a également soutenu l’appel de l’auditoire en faveur d’un marché commun arabe, indiquant : « Nous devons détruire tous les obstacles au commerce entre les pays arabes ».
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté pour sa part cette initiative, la Turquie étant actuellement candidate à l’adhésion à l’Union européenne. « Je ne souscris pas à la vision d’un marché commun fondé sur la base de la religion ou de l’ethnie », a-t-il indiqué lors d’une réunion organisée par le Conseil Économique Turco-Saoudien, dimanche 18. Selon lui, un marché économique fondé sur de tels critères ne fonctionnera pas : « Nous sommes un pays islamique et nous suivons les valeurs islamiques, notamment la coopération avec les autres pays pour le bien de tous ». La Turquie a envoyé une importante délégation au Forum de Jeddah, un signe, selon les spécialistes, de sa volonté de renforcer ses liens économiques avec l’Arabie saoudite.
Recep Erdogan a affirmé par ailleurs que son pays avait libéralisé ses lois liées aux investissements étrangers, et que la loi turque ne faisait aucune distinction entre un investisseur turc et un investisseur étranger. De plus, son pays est en train de renforcer les liens commerciaux avec la Syrie, l’Iran et la Jordanie, ainsi qu’avec d’autres pays voisins et l’Arabie saoudite. La Turquie se concentre désormais davantage sur le Proche-Orient, qui est devenu une région importante dans le monde de l’après-guerre d’Irak. D’après le Premier ministre tuc, les pays qui ouvrent leurs portes à une interaction économique et politique sont les futurs gagnants dans ce nouvel univers. Ceux qui se plongent dans l’isolationnisme en seront les perdants. Les gouvernements devraient jouer un rôle plus faible dans le domaine économique et laisser au secteur privé le soin de s’en occuper.

Source
Arab News (Arabie saoudite)
Arab News est un quotidien saoudien qui propose, en plus de quelques articles originaux, une traduction en anglais des articles d’Asharq Al-Awsat. Celui-ci appartient au Saudi Research Marketing Group du Dr. Abdulmuhsun Alakkas, membre du Conseil consultatif saoudien.

« Hariri Explains How to Rebuild an Economy », par Mohammed Alkhereiji, Arab News, 19 janvier 2004. « Erdogan Rejects Idea of Common Market », par K.S. Ramkumar, Arab News, 19 janvier 2004. « World Split Into Doers & Sayers : Turkish PM », par Roger Harrison, Arab News, 19 janvier 2004.