Quand Christophe Colomb a pris la mer en août 1492, il ne fait pas de doute qu’il y avait des paysans en Espagne qui estimaient qu’il s’agissait là d’une dépense inutile de deniers royaux qui auraient pu être mieux utilisés. Heureusement pour l’Espagne, ce n’est pas ce point de vue qui a prévalu à l’époque, malheureusement pour nous, c’est ainsi qu’est perçu le projet spatial de George W. Bush.
Moi aussi je serai opposé au programme spatial si en y mettant fin on pouvait aussi en terminer avec les maux du monde, mais ce n’est pas le cas. La conquête spatiale offre de nombreux avantages en permettant de développer les technologies, de trouver de nouvelles ressources minières, d’avoir un espace de repli en cas de destruction de notre planète, voire de découvrir de nouveaux micro-organismes. De mon point de vue, j’y suis favorable parce que je trouve ça cool. Toutefois, on ne dépense pas des milliards de milliards de dollars appartenant aux contribuables uniquement pour faire quelque chose de cool. Toutefois, on n’atteindra ce montant de dépense que si on laisse la conquête spatiale dans les mains de la bureaucratie de la NASA. Or, il existe d’autres méthodes.
L’éminent expert en aérospatiale, Robert Zubrin, a proposé que l’on offre 20 milliards de dollars aux premiers qui arriveraient sur Mars. Cette somme n’équivaut qu’à 1% du budget fédéral, à peu près ce que nous consacrons aux aides agricoles. Ce type de concours était une méthode courante pour pousser à l’innovation dans les siècles passés. Aujourd’hui, de nombreuses compagnies aérospatiales pourraient relever le défi et, si elles ne le font pas, ne nous feront rien perdre. On pourrait également penser que le programme serait financé par la promesse de bénéficier de l’exclusivité des retombées commerciales de la publicité autour de ce voyage.
Ces modes de financements peuvent paraître idiotes, mais c’est ainsi qu’ont été financé les grandes découvertes par le passé, par un mélange de fonds privés et publics. L’approche gouvernementale unique n’est apparue qu’avec le projet Manhattan et le programme Apollo, une approche qui fonctionne, mais qui est beaucoup trop chère.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« A Cheaper Way to Go : Mars Inc. », par Max Boot, Los Angeles Times, 22 janvier 2004.