La Chine est devenue le réceptacle des espoirs et des craintes du reste du monde. Aujourd’hui, la Banque centrale européenne l’accuse d’être responsable de la faible croissance européenne et de son haut taux de chômage, le ministre des Finances japonais blâme Pékin pour sa politique monétaire qu’il estime responsable de la déflation nippone et les Américains l’accusent de provoquer des pertes d’emploi dans les secteurs industriels de leur pays. De l’autre côté, certains, comme l’analyste français François Heisbourg, interpètent la dépendance états-unienne consécutive à l’achat de bons du trésor par la Chine comme un moyen de limiter la puissance de Washington.
Ces affirmations ne tiennent pas face à une analyse sérieuse. La faible croissance européenne est due au manque de flexibilité de son marché de l’emploi et la perte d’emploi aux États-Unis est le fruit de l’augmentation de la productivité en période de fragilité économique. La théorie des bons du trésor des Français n’est pour sa part que la reprise d’une argumentation au départ énoncée pour le Japon et qui ne s’est jamais vérifiée alors que le Japon avait à l’époque les reins beaucoup plus solides sur la plan financier que la Chine ne les a aujourd’hui. En fait, la Chine subit le transfert des frustrations domestiques ou d’espoirs irréalistes. C’est comme cela qu’il faut comprendre le souci de François Heisbourg de trouver un moyen de limiter la puissance des Etats-Unis. Certes, la dette pourrait entraver la puissance états-unienne mais ce n’est pas à cause de la Chine qui commettrait un suicide financier en s’opposant à Washington.
Quand j’ai écrit mon livre, The Rise of China, j’ai écrit que la Chine se tournait vers une réforme qui allait développer son poids économiqu,e mais je n’ai jamais dit que cela en ferait un puissance omnipotente. La Chine n’est qu’un pays pauvre qui se réforme courageusement.

Source
International Herald Tribune (France)
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« It’s so easy to blame China for everything », par William H. Overholt, International Herald Tribune, 23 janvier 2004.