L’invasion de l’Irak a été la première application de la pernicieuse doctrine de George W. Bush des frappes préventives. Elle a suscité l’hostilité du monde entier. Le fossé entre l’Amérique et le reste du monde n’a jamais été aussi grand.
Les idéologues de la suprématie états-unienne assurent que le monde a changé depuis le 11 septembre et que cela justifie de nouveaux comportements. Il devient malheureusement évident que ce sont exactement ceux que les kamikazes qui ont frappé le 11 septembre voulaient que nous adoptions. Peut-être nous comprenaient-ils finalement mieux que nous ne nous comprenons nous-mêmes. En effet, l’administration Bush a utilisé le 11 septembre pour mener une politique étrangère qui n’aurait pas, sans cela, été acceptée par la population. Les erreurs commises par un groupe d’extrémistes associant le fondamentalisme religieux au capitaliste risquent de faire perdre au pays sa domination mondiale. Alors que les États-Unis auraient pu mener le monde sur la voie de la paix, du progrès économique et de la protection de l’environnement, ils tentent de maintenir une suprématie fondée sur la puissance militaire en étant guidés par la peur.
Le président Bush nous a envoyé en Irak et, tout en mettant nos troupes en danger sans raisons valables, il nous a rendu incapables de faire face aux développements de la Corée du Nord et de l’Iran et à la réorganisation des Talibans. C’est la preuve que les plans des néo-conservateurs étaient mal conçus. Aujourd’hui, l’Irak devient un nouveau Vietnam, bien plus grave d’ailleurs en raison de notre dépendance vis-à-vis du pétrole de la région. Nous devons organiser notre départ d’Irak en évitant de faire trop de mal en le précipitant et en acceptant de payer le prix financier de nos erreurs. Un autre président que Bush sera plus à même de le faire tout en repositionnant les États-Unis à leur véritable place.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The US is now in the hands of a group of extremists », par George Soros, The Guardian, 26 janvier 2004. Cette tribune est adapté du livre The Bubble of American Supremacy.