En 1948, 700 000 Palestiniens furent chassés de leur patrie et privés de leurs propriétés par un peuple qui venait pourtant de souffrir du fait d’un racisme meurtrier. Aujourd’hui, beaucoup estiment que les Palestiniens devraient abandonner leur droit au retour pour favoriser la « solution des deux États ».
Les Israéliens affirment que les Palestiniens sont partis d’eux-mêmes suite aux déclarations radiophoniques des dirigeants arabes leur demandant de quitter le pays alors que les dirigeants arabes de l’époque demandaient au contraire de rester. S’ils sont partis, c’est par peur des milices sionistes. Le transfert de population est, en outre, une part ancienne du projet sioniste qui prévoyait de « nettoyer » la Palestine pour en faire un État juif. Sans cette politique, les actuels réfugiés auraient simplement été des citoyens israéliens, mais aujourd’hui, ironiquement, Israël affirme que leur retour entraînerait sa destruction.
Israël a accueilli des immigrés du monde entier, mais a tué entre 2700 et 5000 Palestiniens qui franchissaient sa frontière, la plupart sans armes, entre 1949 et 1956. Depuis 1948, le droit au retour est presque constamment réaffirmé par l’ONU. La solution des deux États sera sans doute bénéfique aux Palestiniens qui vivent en Cisjordanie et à Gaza, mais pas aux 1,2 millions d’Arabes vivants comme des citoyens de seconde zone en Israël. Le seul véritable obstacle au droit au retour, c’est le désir d’Israël de conserver une « balance démographique » favorable aux juifs.
Les Palestiniens ne doivent pas continuer à payer pour un Holocauste européen et les États-Unis doivent cesser de soutenir un pays qui se fonde sur la défense d’un seul groupe religieux. Les Palestiniens sont prêts à faire des sacrifices pour la paix, mais pas à accepter d’entériner leur spoliation. Il est temps de s’interroger sur les conditions de création d’un État binational uni.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Two-State Solution Again Sells Palestinians Short », par George Bisharat, Los Angeles Times, 25 janvier 2004.