John Kerry a réussi jusqu’à présent car il n’est pas aussi vociférant qu’Howard Dean et qu’il se prévaut d’une expérience en matière de sécurité nationale. Il va cependant devoir désormais subir le même examen minutieux qui a coulé Dean.
C’est un vétéran décoré, mais c’était également le cas de Dole et de McCain et cela ne garantit pas l’entrée au bureau ovale. Sa présence pendant 18 ans dans la Commission des affaires étrangères du Sénat a plus de poids. Bien qu’il ait voté contre la Guerre du Golfe en 1991, il est considéré comme un modéré en matière de sécurité intérieure. Cette image est largement dûe à la nomination de Rand Beers au poste de coordinateur de sa campagne. En effet, Beers a travaillé sur les questions du contre-terrorisme sous deux présidents de bords opposés et n’a démissionné du National Security Council qu’en raison de son opposition de la Guerre d’Irak qu’il considérait comme une diversion de la guerre au terrorisme.
Kerry n’a présenté sa vision de la politique étrangère qu’au cours d’un discours devant le Council on Foreign Relations le 3 décembre. Il y faisait des propositions excellentes pour développer la sécurité de la patrie, combattre le blanchiment d’argent, faire plus en Afghanistan et rendre les Saoudiens responsables de leur soutien au terrorisme. Il avait, à juste titre, critiqué l’administration Bush pour ne pas avoir envoyé davantage de responsables à l’étranger pour défendre la politique de Washington. Dans ce discours, il avait aussi malheureusement tenu des propos grossièrement partisans.
Concernant l’Irak, il fait partie de ceux qui ont voté le 11 octobre 2002 en faveur du texte qui donnait à George W. Bush le droit d’utiliser la force si cela était « nécessaire et approprié ». Aujourd’hui, il s’en défend en affirmant qu’il avait voté ce texte pour renforcer les inspections, mais qu’il ne voulait pas qu’il y ait de guerre. Si c’est vrai, il est trop naïf pour être président. En fait, il tente sans doute d’apparaître à la fois comme un partisan de la guerre et comme un pacifiste. Il affirme qu’il fallait obtenir un accord de l’ONU pour attaquer, ce qui était impossible. Il déplore que l’administration Bush n’assume pas ses responsabilités en Irak, mais n’a pas voulu voter la rallonge de 87 milliards pour soutenir nos troupes.
En fait, Kerry utilise la même stratégie vis-à-vis de l’Irak que Bill Clinton en 1992.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« War Hero — and Waffling Windbag », par Max Boot, Los Angeles Times, 29 janvier 2004.