Selon un rapport de la National Security Agency, les États-Unis et leurs partenaires interceptent chaque jour 650 millions d’ « événements » : signaux radars, transmissions de données, messages, coups de fil, fax et e-mails. Tout cela, dans des douzaines de langues et souvent plus ou moins codé, est envoyé aux analystes des différentes agences. Ceux-ci doivent aussi étudier les résultats des renseignements humains, des rapports des forces de l’ordre et les « sources ouvertes ». Cette impressionnante quantité de document à traiter explique les échecs des services de renseignement sur l’Irak et le 11 septembre.
Nous ne savons pas gérer ce volume de données et nous ne savons pas l’analyser. Avant le 11 septembre, les États-Unis ont échoué à voir la préparation des attentats car ils ne cherchaient pas une conspiration, mais depuis ils en cherchent partout et placent tous les groupes activistes dans un réseau et une menace commune.
Ainsi, Donald Rumsfeld a constitué une « équipe B » composé de David Wurmser et de F. Michael Maloof qui est chargée de rechercher les liens qui pourraient regrouper des groupes terroristes disparates. Ce groupe a conclu que le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique se rassemblaient de plus en plus. La CIA et la Defence Intelligence Agency ont affiché leur scepticisme, mais Richard Perle a balayé les oppositions en affirmant que les deux agences n’avaient pas cherché ce qu’il fallait chercher. L’équipe Wurmser-Maloof a également trouvé des liens entre Saddam Hussein et Al Qaïda et affirme qu’Al Qaïda est présent en Amérique latine.
Ces affirmations risquent, à terme de nous faire ressembler à l’enfant qui criait au loup et nous ne serons plus cru. Les demandes de J. Cofer Black du département d’État d’un renforcement des mesures anti-terroristes en Amérique latine en raison de la présence dans ces pays de structures terroristes liés à Al Qaïda ou au Hezbollah risquent bien de ne pas être écoutées.
La commission nommées par George W. Bush devra s’interroger sur les moyens d’analyser les données pour y trouver ce qu’on ne cherchait pas nécessairement sans parvenir pour autant à des résultats orientés idéologiquement.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Treasure Hunters Need Reliable Maps », par William M. Arkin, Los Angeles Times, 8 février 2004.