De toutes les statistiques sur le SIDA, la plus importante est sans doute que 95 % de personnes infectées dans le monde ignorent qu’elles sont porteuses de ce virus car les tests sont absents de la plupart des pays.
Nous revenons d’un voyage en Afrique avec Tommy Thompson, le secrétaire à la Santé. Celui-ci a exprimé sa crainte que même les 2,8 milliards de dollars proposés dans le budget de l’administration Bush pour lutter contre le sida ne suffisent pas à endiguer la progression de la maladie en raison du manque de tests. L’Ouganda est célèbre pour le succès de sa politique de lutte contre l’épidémie associant les méthodes prônées par les conservateurs et les libéraux et valorisant l’abstinence, la fidélité et le port du préservatif, même la fidélité ne préserve de rien sans test car l’un des partenaires, tout à fait fidèle, peut être infecté d’une précédente relation et transmettre le virus au conjoint et aux enfants.
Le programme de l’ONU de test volontaire est insuffisant car il n’y a pas d’incitation et d’explication du caractère essentiel de ces tests. Bien que personne ne veuille l’admettre, personne ne se teste, pas même les médecins et infirmières. Il faut donc transformer la politique de test et abandonner le caractère volontaire. Il faut en revanche insister sur leur caractère confidentiel. Il faudrait que les tests deviennent obligatoires avant un mariage, une naissance et une entrée à l’hôpital.
Bien sûr, cela brise un tabou, mais il s’agit d’une société entière qui est mise en danger par ce tabou.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« A Global Battle’s Missing Weapon », par Richard C. Holbrooke et Richard Furman, New York Times, 10 février 2004.