Le président George W. Bush vient d’inscrire, au budget fédéral 2005, une ligne de 2,8 milliards de dollars pour lutter contre le sida à l’étranger. Même si l’effet d’annonce est un peu exagéré (une partie de cette somme est attribuée à la lutte contre d’autres maladies), c’est une décision sans équivalent. Mais cet acte charitable n’est pas totalement désintéressé. Il s’accompagne d’une défense des brevets pharmaceutiques et de la promotion de nouveaux produits.
L’ambassadeur Richard C. Hoolbroke, président de la coalition mondiale des entreprises contre le sida, et le missionnaire Richard Furman, président de la World Medical Mission, demandent dans le New York Times qu’on rende obligatoire en Afrique les tests HIV à des moments particuliers de la vie. Les auteurs présentent leur proposition comme cassant un tabou. Ils passent sous silences les conséquences en matière de libertés individuelles et feignent de croire aux vertus de la coercition en matière de santé publique.

Washington n’en finit pas de régler ses comptes avec ses amis et de menacer ceux qu’il considère comme ses ennemis. Frank J. Gaffney Jr, le coordinateur des faucons, s’attaque à l’Agence internationale à l’énergie atomique dans le Washington Times. Cet organisme, comme toutes les agences de l’ONU, ne viserait qu’à saper les efforts de Washington dans la lutte contre la prolifération nucléaire. En outre, son président Mohammed ElBaradei est musulman ce qui, affirme-t-il, en fait a priori un complice des terroristes.
Sur un mode humoristique, un autre faucon tire le bilan de la crise irakienne. Timothy Garton Ash, historien et propagandiste anti-communiste, imagine les conséquences du refus français de participer à la guerre globale au terrorisme dans une fable publiée par The Age : en 2009, de jeunes musulmanes expulsées d’un lycée de La Courneuve pour avoir porté le voile islamique détruisent Paris avec une bombe sale. Pour l’auteur, ce scénario est l’occasion de critiquer la politique intérieure et extérieure de Jacques Chirac et de regretter que son successeur souhaité, Nicolas Sarkozy, ne puisse en réparer toutes les conséquences.
La guerre ambulante se déplacera-t-elle en Syrie ? Il faudrait pour cela parvenir à inventer une menace syrienne, comme on a fabriqué une menace irakienne. Malheureusement pour les propagandistes du Pentagone, l’ambassadeur syrien aux États-Unis, Imad Moustapha, loin d’inspirer la crainte, est un homme habile, affable et cultivé. C’est pourquoi Oubai Shahbandar du Parti syrien de la réforme met en garde les lecteurs du Washington Times contre lui. Ce serait un menteur protégeant une dictature socialiste dont il faut renverser le régime.

Donald Rumsfeld se livre à un difficile exercice de style. Dans une tribune du Wall Street Journal reprise par le journal Le Monde, il tente de démontrer que la réorganisation de l’armée par ses services au Pentagone va permettre à terme de déployer beaucoup plus de troupes sans avoir à augmenter considérablement le nombre d’hommes. Cela passe par une réorganisation demandant de la « flexibilité » pour disposer d’une armée modulaire. En attendant ce miracle du management militaire moderne, il faudra surtout accepter d’accroître encore le nombre d’hommes dans l’armée états-unienne, pourtant déjà forte de 2,6 millions d’engagés.

La tension grandit entre les deux Chine à l’approche du référendum taïwanais visant à la proclamation de l’indépendance et à la rupture irréversible avec le continent. Aussi, dans le Taipei Times, John Tkacik Jr. de la Fondation Heritage rassure les Taïwanais. Ils ne doivent pas s’inquiéter du discours conciliant du secrétaire d’État adjoint Richard Armitage avec la Chine communiste. Il n’a d’autre but que de calmer l’hystérie de Pékin. Ils doivent au contraire avoir confiance en Washington qui déploie les moyens militaires utiles à la défense de l’île.
À l’inverse, le député européen travailliste britannique Glyn Ford, s’adressant en tant qu’Européen au public nippon, préconise dans le Japan Times de s’opposer à toute course aux armements. Il espère que l’évolution respective de chacun des deux protagonistes conduira à une issue en douceur.