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Churchill comprenait que la guerre froide n’était pas une simple
confrontation entre des armées, mais un conflit entre deux visions -
un fossé profond entre ceux qui placent leur espoir dans des
idéologies de puissance et ceux qui font confiance aux choix de
peuples libres. Les successeurs de Winston Churchill et de Franklin
Roosevelt - des hommes d’Etat comme Harry Truman, Ronald Reagan et
Margaret Thatcher - ont dirigé une alliance sûre, qui a tenu bon
tandis que s’effondrait le communisme sous le poids de ses
contradictions inhérentes.

Nous sommes engagés aujourd’hui dans une lutte différente. Au lieu
d’un empire armé, nous sommes aux prises avec des réseaux sans Etat.
Au lieu d’armées massées, nous devons faire face à des techniques
meurtrières qu’il faut empêcher de tomber entre les mains de
terroristes ou de régimes hors-la-loi.

Pourtant, à certains égards, nos combats et enjeux d’aujourd’hui sont
comparables à ceux que connut Churchill. L’issue de la guerre contre
le terrorisme dépend de notre aptitude à reconnaître le danger et à y
réagir avec force et conviction, à dépister et éliminer les
terroristes un par un, les enserrant dans ce que Churchill appelait
"les mailles inexorables du filet de la défaite". Cette guerre est
également un conflit entre deux visions. Par leur vénération du
pouvoir, par leurs haines profondes, par leur refus d’épargner les
innocents, les terroristes sont les légataires des idéologies
meurtrières du XXe siècle. Et nous, nous sommes les héritiers de la
tradition de liberté, les défenseurs de la liberté, de la conscience
et de la dignité de tout être humain. D’autres avant nous ont déployé
pour cette cause tout leur courage et toute leur conviction morale.
C’est ce qui nous est demandé aujourd’hui, et nous acceptons les
responsabilités de l’histoire.

Cette tradition de liberté a des apôtres dans toute culture et dans
toute religion. Nos grands défis soutiennent l’élan de liberté dans
l’ensemble du Moyen-Orient. Les enjeux ne sauraient être plus élevés.
Tant que cette région sera en proie à la tyrannie, au désespoir et à
la colère, elle produira des hommes et des mouvements qui menaceront
la sécurité du peuple américain et celle de ses amis. Si nous
cherchons à promouvoir la démocratie, c’est pour une raison éminemment
pratique : une démocratie ne soutient pas le terrorisme, elle ne
menace pas le monde au moyen d’armes d’assassinat en masse.

L’Amérique poursuit une stratégie positive de liberté au Moyen-Orient.
Nous affrontons les ennemis de la réforme et les alliés du terrorisme,
et nous attendons de nos amis des normes plus élevées. Pendant trop
longtemps, la politique des Etats-Unis a consisté à fermer les yeux
alors que des hommes et des femmes étaient opprimés, qu’ils voyaient
leurs droits bafoués et leurs espoirs étouffés. Cette époque est
révolue, et nous pouvons reprendre confiance. Comme ce fut le cas en
Allemagne, au Japon et en Europe orientale, la liberté surmontera
l’oppression au Moyen-Orient.

Toute réforme démocratique authentique doit provenir de l’intérieur. A
travers le Moyen-Orient, les réformateurs réclament le changement. Du
Maroc à la Jordanie et au Qatar, nous observons des élections, de
nouvelles protections pour les femmes et les premiers signes du
pluralisme politique. Lorsque les fers de lance de la réforme nous
demanderont de les aider, nous le ferons.

J’ai demandé au Congrès de doubler le budget de la Fondation nationale
pour la démocratie, pour porter son montant annuel à 80 millions de
dollars. Ses nouvelles tâches consisteront à favoriser des élections
libres, l’économie de marché, la liberté de la presse et la liberté
syndicale au Moyen-Orient. La fondation a fourni des services vitaux
pendant la guerre froide, et nous rénovons maintenant sa mission de
liberté dans la guerre contre le terrorisme.

La liberté de la presse et la libre circulation des idées sont les
fondements vitaux de la liberté. Afin de pourfendre la propagande
haineuse qui remplit les ondes hertziennes du monde musulman et de
promouvoir un débat ouvert, nous diffusons le message de la tolérance
et de la vérité en arabe et en persan à des dizaines de millions
d’auditeurs. Dans certaines villes du Moyen-Orient, nos stations de
radio sont les plus populaires parmi les jeunes. La semaine prochaine,
nous allons inaugurer un nouveau réseau de télévision au Moyen-Orient
qui s’appellera Al-Hurra, ce qui signifie "La libre" en arabe. Cette
chaîne diffusera des actualités, des films et des variétés ainsi que
des émissions sportives et éducatives à l’intention de millions
d’habitants de la région. Par tous ces moyens, nous portons aux
peuples du Moyen-Orient la vérité au sujet des valeurs et de la
politique des Etats-Unis, et la vérité sert toujours la cause de la
liberté.

Notre pays soutient également la cause des réformateurs qui ont déjà
commencé à transformer le Moyen-Orient. Nous accordons des prêts et
donnons des conseils afin d’encourager l’esprit d’entreprise dans la
région. Nous avons mis sur pied des stages commerciaux ciblant les
femmes, afin de les former à la gestion de l’entreprise et de les
aider à atteindre l’égalité sur les plans économique et social. Nous
appuyons le travail des réformateurs de l’appareil judiciaire, qui
réclament des tribunaux indépendants et la primauté du droit. A la
demande de certains pays de la région, nous distribuons des manuels
scolaires en langue arabe. Nous aidons les réformateurs de
l’enseignement à améliorer leur système scolaire.

Le message que j’adresse à ceux qui aspirent à la liberté et à ceux
qui travaillent pour la réforme est qu’ils peuvent être certains de
trouver dans les Etats-Unis d’Amérique un allié sûr, un allié
constant.

Notre stratégie et notre détermination se trouvent mises à l’épreuve
dans deux pays en particulier. L’Afghanistan fut, à une époque, le
terrain d’entraînement privilégié d’Al-Qaïda, le fief d’un régime
barbare appelé taliban. Il a aujourd’hui une nouvelle constitution qui
garantit des élections libres et la pleine participation des femmes.

L’Irak fut pendant des décennies un allié du terrorisme dominé par la
cruauté et les caprices d’un homme. Aujourd’hui, le peuple irakien
s’achemine vers l’autonomie. Notre coalition collabore avec le Conseil
de gouvernement irakien à la rédaction d’une loi fondamentale dotée
notamment d’une déclaration des droits. Parce que notre coalition a
agi, les terroristes ont perdu une source de récompense monétaire pour
des attentats suicide. Parce que nous avons agi, les pays du
Moyen-Orient n’ont plus à redouter d’agression insensée de la part
d’un dictateur sanguinaire qui avait l’intention et la capacité
d’infliger de grands dommages à son peuple et à des peuples de par le
monde entier. Saddam Hussein se trouve maintenant dans une cellule de
prison, et l’époque est révolue où des Irakiens et des Irakiennes se
voyaient transporter de force dans des salles de torture et des
chambres de viol, pour finir ensuite dans un charnier. Parce que le
régime baassiste a cessé d’exister, l’Irak n’est plus une menace grave
et grandissante pour les nations libres. L’Irak est une nation libre.

La liberté a encore des ennemis en Afghanistan et en Irak. Tous les
baassistes, tous les talibans, tous les terroristes savent que
l’avènement de la démocratie signifierait le recul de la violence - et
de leur espoir de semer la violence et de tuer des innocents. Ils
savent qu’en revanche le recul de la démocratie saperait du même coup
les espoirs de changement au Moyen-Orient. Voilà ce qu’ils savent.
Voilà ce qu’ils pensent. Nous savons, nous, que la victoire de la
liberté dans ces pays constituerait un événement décisif de l’histoire
du Moyen-Orient et de l’histoire mondiale. Les peuples de toute la
région verraient que la liberté représente la voie du progrès et de la
dignité nationale. Mille mensonges seraient réfutés, ces faussetés
prétendant à l’incompatibilité des valeurs démocratiques avec les
cultures moyen-orientales. Et tous verraient, en Afghanistan et en
Irak, le succès d’institutions libres au cœur du Moyen-Orient.

La réalisation de cette vision sera l’oeuvre de longue haleine de
beaucoup de nations ; elle exigera d’elles la même force de conviction
et la même confiance qui firent triompher la liberté lors des luttes
décisives du siècle dernier. C’est aujourd’hui une période d’épreuve,
où peuples et nations montrent de quelle trempe ils sont faits.
L’Amérique, quant à elle, ne se laissera jamais intimider par des
bandits et des assassins. Nous ferons tout ce qu’il faudra. Nous
n’aurons pas de cesse que l’oeuvre ne soit accomplie.

Et nous l’emporterons parce que, si le choix leur est offert, les
êtres humains, où qu’ils soient, de quelque origine qu’ils soient, à
quelque religion qu’ils appartiennent, préféreront la liberté à la
violence et à la terreur. Nous l’emporterons parce que les êtres
humains ne sont pas créés par le Tout-Puissant pour vivre sous la
férule d’un tyran. Nous l’emporterons à cause de ce que nous sommes,
parce que même s’il lui en coûte, le peuple américain marche toujours
sur le droit chemin.

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