L’annonce faite par Ariel Sharon d’un prochain démantèlement des colonies à Gaza et de certaines de Cisjordanie n’est pas étonnante contrairement à ce qu’en pensent les observateurs étrangers. Ceux-ci croient qu’en Israël le débat oppose uniquement les faucons aux colombes mais la réalité est plus compliquée.
En effet, les faucons se divisent entre les faucons idéologiques, qui considèrent que chaque concession est une trahison et qu’il ne faut pas abandonner la terre historique des juifs tel qu’elle est définie dans la Bible, et les faucons stratégiques, qui pensent que s’il ne faut pas abandonner Gaza et la Cisjordanie c’est parce que ces territoires permettent de défendre le cœur d’Israël. Ces faucons stratégiques sont prêts à faire des concessions quand les circonstances le permettent. Sharon, de par sa proximité avec les travaillistes et son passé militaire, est un faucon stratégique et il voit dans la chute de Saddam Hussein une opportunité car un front oriental devient moins crédible. Par ailleurs, il constate que le terrorisme se poursuit. Il est donc décidé à changer de stratégie et à placer des barrières mais aussi à abandonner les avants-postes indéfendables.
L’année dernière, Sharon avait déclaré qu’un État palestinien serait finalement créé et il avait scandalisé son parti en déclarant que l’occupation n’était pas tenable. En décembre, il a explicitement affirmé qu’il faudrait déplacer certaines colonies, un sujet déjà à l’étude dans le gouvernement. Ces déclarations ont entraîné une modification de la carte politique du pays. Certains faucons idéologiques ont menacé de démissionner et on pourrait se diriger vers un nouveau gouvernement d’union nationale. Pour Sharon, ce qui compte avant tout c’est la sécurité, pas l’idéologie.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Hawks of different feathers », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 14 février 2004.