Jacques Chirac tente de persuader l’Union européenne d’abandonner l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine qui dure depuis 1989 et la répression des manifestations de la place Tiananmen. Pour cela, sous la pression des industries d’armement françaises, il affirme que la Chine a changé et qu’elle s’est intégrée à la communauté internationale. Mais ce n’est pas parce qu’elle fait partie de l’OMC qu’elle respecte les Droits de l’homme.
Ce point est illustré parfaitement par le refus chinois de laisser le CICR accéder à ses prisons. Pékin avait pourtant promis, il y a dix ans, d’autoriser ces visites juste avant la rencontre entre Bill Clinton et Jiang Zemin au cours de laquelle les États-Unis avaient renoncé à subordonner les échanges économiques aux droits de l’homme, mais la Chine n’a jamais tenu parole.
Le CICR a condamné les conditions de détention à Guantanamo et les Européens s’en sont émus, mais Washington a au moins laissé entrer les experts de la Croix-rouge dans le camp, ce que la Chine refuse sans que les Européens ne s’en émeuvent. Il s’agit là d’une attitude classique. Cela fait dix ans que la Chine a détourné la question des Droits de l’homme en ne traitant que des droits de visite. Mais en dix ans, ce qui a changé, ce n’est pas la Chine, c’est l’attitude du reste du monde.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« ’New’ China, Old Repression », par James Mann, Washington Post, 17 février 2004.