La semaine dernière, le président George W. Bush a accueilli le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et lui a accordé une audience. On peut évoquer au crédit du président états-unien ses critiques de l’autocrate tunisien sur les violations des droits de la presse dans son pays, mais les États-Unis continuent de se tromper en croyant que la démocratie et le respect de la loi peuvent émerger sous le règne de dirigeants comme Ben Ali.
Depuis qu’il a pris le pouvoir en 1987, Ben Ali a réduit au silence la société civile qui était un exemple dans toute l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Au début des années 90, le régime s’est attaqué au mouvement islamiste en pratiquant des arrestations arbitraires, la torture et des procès injustes. Dans la foulée, il étendit ces mesures aux défenseurs des Droits de l’homme, aux dirigeants de l’opposition et aux journalistes indépendants. De la société tunisienne, il ne reste plus que des vestiges vivant dans la crainte de l’omniprésente police secrète et où les journaux ne se livrent plus qu’à des hagiographies à la soviétique de « l’architecte du changement ». Les avocats des Droits de l’homme sont sous surveillance constante.
Pendant plus d’une décennie, les États-Unis ont fermé les yeux sur ces excès, ne voyant dans le pays qu’un allié, soutenant le processus de paix israélo-palestinien et disposant d’une économie prospère. Ce ne sont pas les faibles demandes de démocratisation du pays accompagnées par des éloges du président tunisien qui mettront fin aux abus de ce régime. Les États-Unis doivent réaffirmer à leurs alliés que s’attaquer au terrorisme n’est pas une excuse pour violer les Droits de l’homme. En effet, de telles violations ne peuvent qu’alimenter le terrorisme, l’attentat contre la synagogue de Djerba en est un exemple.

Source
International Herald Tribune (France)
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« U.S. should shun Tunisia’s dictator », par Kamel Labidi, International Herald Tribune, 25 février 2004.