Le New York Times publie deux commentaires contradictoires sur la situation à Haïti. Lyonel Trouillot, de l’Association des écrivains, assure qu’Aristide a perdu le soutien des milieux intellectuels et doit partir. Il indique qu’il existe deux oppositions, l’une duvallieriste (soutenue par la France) et l’autre favorable à un régime libéral (soutenue par les États-Unis). L’écrivain Tracy Kidder rappelle qu’Aristide a été élu deux fois et dispose toujours d’un soutien populaire.
Le New York Times publie deux commentaires contradictoires sur la situation à Haïti. Lyonel Trouillot, de l’Association des écrivains haïtiens, assure qu’Aristide a perdu le soutien des milieux intellectuels et doit partir. Il indique au passage qu’il existe deux oppositions, l’une favorable au retour des Duvallier (soutenue par la France) et l’autre favorable à un régime libéral (soutenue par les États-Unis et dont il se réclame). À l’opposé, l’écrivain Tracy Kidder rappelle qu’Aristide a été élu deux fois à une écrasante majorité et dispose toujours d’un soutien populaire. C’est pourquoi les organisations internationales reconnaissent sa légitimité et cherchent à garantir son maintien au pouvoir face à une coalition hétéroclite manipulée de l’étranger.
La politique est devenue un spectacle dans lequel le cinéma joue un rôle croissant, non pas comme un art dont les œuvres enrichissent le débat public, mais comme un outil de propagande qui s’y substitue.
Ainsi, recevant à la Maison-Blanche les gouverneurs des États fédérés, le président George W. Bush leur a expliqué les principes de sa politique étrangères, que rapporte The Guardian : « l’Amérique » a reçu comme mission du Tout-puissant d’aider les hommes à être libres. Et s’adressant particulièrement à son ami l’acteur-gouverneur Arnold Schwarzeneger, assis au premier rang, il leur a conseillé d’aller voir Ossama au cinéma ; un film sur la condition des femmes en Afghanistan avant l’intervention des États-Unis.
De son côté, Walter Reich, ancien directeur du Musée états-unien de l’Holocauste, sait le pouvoir des images. C’est pourquoi il stigmatise La Passion de Mel Gibson dans le Los Angeles Times. Peu importe le contenu de l’œuvre et l’intention de son auteur, ce qui importe c’est qu’il ne manquera pas de susciter de la colère et de la haine antisémite chez les spectateurs.
L’Empire ne sait trop comment justifier son usage de la force. Aussi l’éditorialiste néo-conservateur Max Boot regrette-t-il dans le Los Angeles Times le temps où les grandes puissances occidentales pouvaient civiliser un pays pour y prévenir des massacres ethniques. Malheureusement, il faut maintenant passer par l’ONU. Il propose donc que l’organisation se dote d’un corps expéditionnaire, semblable à la Légion étrangère française. L’idée est originale puisque, jusque-là les néo-conservateurs préconisaient le boycott et la mort de l’ONU. Mais voici, qu’après leurs déboires en Irak, ils voudraient pouvoir se défausser à l’avance du « sale boulot » sur la communauté internationale. Problème : comment convaincre l’ONU de se salir les mains dans le seul intérêt des États-Unis ?
L’arrogance de la puissance induit bien des contradictions internes. Ancien directeur d’Amnesty International en Tunisie, Kamel Labidi, déplore dans l’International Herald Tribune l’audience accordée par George W. Bush au président Ben Ali, le 18 février 2004. Il est faux de croire, poursuit-il, qu’un régime autocratique ami puisse aider à combattre le terrorisme. En fait, par ses violations des Doits de l’homme, il le suscite.
Enfin, à l’occasion du voyage officiel qu’il a entrepris en Hongrie, les 23 et 24 février 2004, le président de la République française, Jacques Chirac, a accordé un entretien à Nepszabadsag. Il s’efforce de calmer le jeu après l’alignement de Budapest sur Washington pendant la guerre contre l’Irak et les remontrances de Paris. Il rappelle avoir pris position, il y a dix ans déjà, pour l’intégration des États d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne. Cependant, il maintient que la lourdeur de l’Europe des 25 ne doit pas ralentir la marche de l’Union et que celle-ci doit faire confiance à des « groupes pionniers ». Mais cette aimable présentation masque une réalité difficile : l’Europe politique ne peut se construire qu’avec les États prêts à s’affranchir de la tutelle états-unienne. C’est en quelque sorte le « Qui m’aime me suive ! » de Philippe VI.
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