"Bismillah Errahmane Errahim,
Mes chers compatriotes,

Le drame que nous venons de vivre avec l’enlèvement de nos deux diplomates à Baghdad et leur exécution par une bande de terroristes vient s’ajouter au cauchemar dans lequel notre pays a été plongé depuis une quinzaine d’années, marquées par le déchaînement d’une violence et d’une barbarie étrangères à nos moeurs et à nos traditions.

L’Algérie a failli ainsi sombrer dans la tourmente du terrorisme. Son Etat a vacillé, son peuple a été déchiré. Des enfants d’une même famille se sont entretués, des frères, habitants de mêmes villages, de mêmes villes, se sont retrouvés opposés dans une lutte fratricide qui tentait vainement de se dissimuler derrière l’Islam, religion de paix, de tolérance, et de fraternité.

C’est grâce au courage et à la mobilisation de tous les algériens que la Patrie a survécu. C’est grâce aux sacrifices de nos forces de sécurité, à leur tête l’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, appuyées par tous les patriotes, que l’Algérie a pu repousser l’hydre du terrorisme.

L’Algérie a versé pour sa survie un tribut très lourd : des dizaines de milliers de morts, plus de vingt milliards de dollars de destructions, une coûteuse entrave au développement et une régression de notre position sur la scène internationale. Des années durant, nous avons donné le meilleur de nous-même pour que s’éteigne le brasier de la Fitna, pour que nous cessions enfin d’enterrer et de pleurer nos victimes, pour que la Miséricorde divine nous vienne en aide.

En votre nom à tous, je m’incline de nouveau aujourd’hui avec ferveur et respect à la mémoire des martyrs du devoir national et à celle de toutes les victimes du terrorisme abject. Leurs sacrifices n’auront pas été vains puisque la République Algérienne est restée debout, plus que jamais fidèle au glorieux message du 1er Novembre 1954.

Dès que vous m’avez investi de votre confiance en 1999, je me suis engagé devant Dieu et devant vous à ne ménager aucun effort ni aucune initiative pour éteindre le feu destructeur de la Fitna, condition première de la reconstruction nationale et de la restauration du crédit de l’Algérie sur la scène internationale.

Avec l’aide de Dieu, auquel nous rendons grâce, nous avons ensemble, ouvert la voie à la Concorde Civile, que vous avez appuyée massivement et dont nous avons ensemble recueilli les fruits inestimables dans le rétablissement de la sécurité.

Hier égarés sur la voie de la violence et de la destruction, des Algériens ont retrouvé la voie de Dieu qui bannit l’effusion du sang de musulmans par d’autres musulmans. Ils ont retrouvé leurs foyers et leur place dans notre société qui a su dépasser sa douleur en s’appuyant sur les préceptes de notre religion divine.

En particulier, les familles de tous nos martyrs et des victimes du terrorisme ont fait preuve d’un haut niveau de noblesse et de nationalisme en puisant dans leur foi le courage nécessaire pour se rallier, dans leur très grande majorité, à la Concorde Civile, chacune affirmant ainsi son souci d’éviter à une autre famille algérienne de connaître les mêmes souffrances et les mêmes pertes.

A toutes ces familles, je tiens à dire que l’Algérie n’oubliera jamais ses martyrs et qu’elle sera toujours aux côtés d’elles, reconnaissante et solidaire.

Mes chers compatriotes,

La sécurité restaurée grâce à la politique de Concorde Civile, la Nation a de nouveau libéré ses énergies pour se consacrer à la construction nationale.

Désormais, les Algériens et les Algériennes ont retrouvé leur légitime aspiration à rebâtir leur Patrie, à accéder eux aussi au bien-être, et à garantir l’avenir de leurs générations montantes.

Cependant, notre plaie nationale est encore loin d’être guérie. Et cela n’est pas seulement dû au terrorisme qui persiste, même avec une intensité réduite, et dont nous sommes résolus à faire cesser les crimes par tous les moyens.

Cette plaie résulte également des graves conséquences de la tragédie nationale. Outre les familles de nos martyrs et des victimes du terrorisme, de nombreuses familles sont encore éplorées par la disparition des leurs. D’autres familles, aussi nombreuses, dont des proches se sont retrouvés entraînés dans la spirale infernale du terrorisme, sont livrées au dénuement. Toutes ces familles, sans distinction, sont des familles algériennes avec lesquelles nous partageons la même Patrie et la même Foi.

Nos orphelins se comptent par certaines de milliers, les uns parce que leurs parents sont tombés en défendant la Patrie, les autres parce que leurs parents ont pris les armes contre cette même Patrie, d’autres encore plus nombreux, se sont retrouvés seuls et abandonnés du fait de la démence terroriste. Cependant, la Nation algérienne est la grande famille de tous ces orphelins. Elle saura en prendre soin et assurer leur avenir, mais elle devra aussi veiller à éloigner de leur coeurs innocents les germes mortels de la haine et de la vengeance.

Voila quelques-unes des raisons qui m’ont poussé à agir et à plaider, des années durant, pour que nous ayons ensemble le courage d’avancer vers une réconciliation nationale véritable, en tenant compte des résultats positifs de la Concorde Civile et des espoirs qu’elle a fait naître.

La réconciliation nationale constitue un défi de haute élévation morale interpellant notre foi et notre patriotisme, il faut donc nous y préparer. Pour ma part, j’y ai investi, tout au long de ces dernières années, ma Foi de croyant, mais aussi ma fidélité à mes compagnons, les glorieux chouhada de la libération avec lesquels j’ai fait le serment non seulement de reconquérir notre indépendance nationale, mais aussi et surtout de construire l’Algérie dont ils ont rêvé et pour laquelle ils se sont sacrifiés. Je remercie Dieu le Tout Puissant de voir le peuple algérien partagé cette même volonté qui nous permettra de réaliser effectivement la réconciliation nationale.

Cette volonté ne signifie pas l’oubli de nos souffrances, ni la négation de nos sacrifices. Elle représente sous sa forme la plus noble notre aspiration à la paix et notre cohésion nationale garante de notre unité, cette unité hors de laquelle notre avenir national restera toujours compromis et exposé à des périls certains.

Mes chers compatriotes,

Nous devons tirer les enseignements de l’immense tragédie nationale que nous venons de vivre.

L’Algérie, qui a toujours démontré sa solidarité avec les autres peuples, et qui demeure déterminée à soutenir les causes nobles et justes dans le monde, a découvert dans l’épreuve cruelle qu’elle vient de vivre, qu’elle ne devrait compter que sur elle-même et sur ses propres moyens. Dans sa très grande majorité, le monde a assisté sans réaction et souvent même sans compassion, au martyr de notre peuple face à l’hydre du terrorisme que nous combattions et que nous dénoncions déjà comme un fléau qui ignore les frontières.

Ce silence s’est trop souvent paré hypocritement des vertus de la démocratie et des droits de l’homme. Des voix ont même poussé l’indécence jusqu’a s’interroger sur "qui tue qui" en Algérie. Sans haine et sans rancoeur, nous ne devons pas oublier cela, surtout lorsqu’il s’agit de consolider notre propre avenir national.

Nous assistons aujourd’hui à une mobilisation internationale contre le terrorisme, et nous sommes sincèrement partie prenante dans cette lutte contre un fléau dont nous avons été victimes. Nous sommes cependant en droit de veiller à ce que cette lutte ne s’appuie pas sur des critères qui diffèrent suivant les pays et les circonstances et qu’elle ne confonde pas la violence terroriste avec les enseignements de notre religion ou avec la lutte légitime des peuples pour leur liberté et leur dignité. Soyons désormais convaincus que le devenir de notre pays dépend exclusivement de notre volonté et de notre engagement. En cela, l’exemple nous a été légué par nos aïeux à travers leurs résistances, leurs défaites et leurs triomphes qui, tout au long de notre Histoire, ont forgé notre personnalité nationale.

Face au défi de la paix et de la réconciliation nationale, c’est au peuple souverain qu’il revient aujourd’hui de faire son choix pour déterminer le cours de notre destin national.

A la veille du 43ème anniversaire du recouvrement de notre indépendance nationale, j’avais annoncé que le peuple algérien serait bientôt appelé à se prononcer lui-même sur la réconciliation nationale.

Aujourd’hui, conformément aux Pouvoirs que vous m’avez conférés, j’ai le privilège de vous convier, avec l’Aide de Dieu, à vous prononcer dans le cadre du référendum qui se déroulera le jeudi 29 Septembre prochain sur le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui vous est soumis.

Mes chers compatriotes,

Votre choix se doit d’être fondé sur une claire compréhension de ce que désire le peuple souverain pour l’avenir de l’Algérie. C’est pour cela que ce projet de Charte sera très largement diffusé. Il fera également l’objet d’une large campagne d’explication. Je veux cependant, puisque j’en ai l’occasion aujourd’hui en exposer dès ce soir, les grandes lignes.

En premier lieu, et à travers ce projet de Charte, vous êtes conviés à souligner pour l’Histoire et pour les générations futures, la nature véritable de la grave crise que notre pays a vécue, une crise qui a failli emporter les structures de notre Etat, une crise qui ne s’est pas limitée à une question de rhétorique ou d’idéologie, une crise dont l’enjeu a été et demeure la paix et la sécurité pour chaque citoyen et pour chaque citoyenne, ainsi que la pérennité de la République Algérienne Démocratique et Populaire dans la fidélité au message du 1er Novembre 1954. Ce faisant , l’occasion vous est offerte de proclamer sans haine et souverainement "plus jamais ça !".

Dans le même temps, vous aurez l’occasion de matérialiser cette volonté de paix et de réconciliation qu’il me semble percevoir comme un appel pressant de la majorité de la Nation, convaincue que sans consolidation définitive de la paix par la réconciliation nationale, nulle démarche de développement économique et social, nul effort de modernisation de notre pays ne sauraient produire les résultats que nous en attendons.
En second lieu, et à travers ce même projet de Charte, vous êtes conviés à maquer solennellement un vibrant hommage aux martyrs du devoir national et aux victimes du terrorisme, ainsi que notre solidarité collective envers leurs familles.

En troisième lieu, l’occasion vous est également offerte d’exprimer notre reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour préserver nos citoyens de la barbarie meurtrière et sauvegarder la République Algérienne Démocratique et Populaire. Je veux parler de notre armée Nationale Populaire, de nos forces de sécurité et de tous les patriotes qui ont opposé leur courage et leur résistance au terrorisme, et qui continuent encore de lutter avec détermination pour la sécurité des biens et des personnes et pour préserver l’honneur de nos familles.

Ce faisant, le peuple algérien exprimera, souverainement, et avec toute son énergie, son rejet de toute instrumentalisation interne ou extérieure de notre tragédie nationale ainsi que son refus de toute tentative de porter atteinte aux institutions de notre pays, de fragiliser notre Etat, de nuire à l’honorabilité de ses agents, ou de ternir l’image de l’Algérie sur le plan international.

En quatrième lieu, et tout en restant unis dans la lutte implacable que nous continuerons à mener contre le terrorisme et pour votre sécurité, le projet de Charte vous propose les mesures concrètes suivantes, qui répondent à votre profond désir de faire cesser l’effusion de sang et de rétablir la paix :

Tout d’abord, l’extinction des poursuites judiciaires pour tous ceux et ils sont nombreux, qui ont déjà mis fin à leurs activités armées et se sont rendus aux autorités, depuis le 13 janvier 2000, date de forclusion des effets de la loi portant Concorde Civile, pour autant qu’ils ne soient pas impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l’explosif dans des lieux publics,

Ensuite, l’abandon des poursuites judiciaires contre les personnes recherchées en Algérie ou à l’étranger ou condamnées par contumace, qui décideront de se présenter volontairement devant les Autorités, pour autant qu’elles ne soient pas elles aussi responsables des faits limitatifs évoqués plus haut, ainsi que l’extinction des poursuites contre les personnes impliquées dans des activités de soutien au terrorisme et qui se déclareront aux autorités compétentes,

De plus, la grâce pour les personnes condamnées ou détenues pour des actes de terrorisme autres que les massacres collectifs, les viols et les attentats à l’explosif dans des lieux publics,

Enfin, des commutations et des remises de peines pour tous les autres individus condamnés définitivement, détenus ou recherchés pour actes terroristes, qui ne sont pas concernés par les mesures de grâce et d’extinction de poursuites énoncées ci-dessus.

Mes chers compatriotes,

Le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale, sur lequel vous êtes appelés à vous prononcer, comprend également des mesures destinées à établir et à consolider la réconciliation nationale.

D’une part, il s’agit de la levée définitive des difficultés et des contraintes que continuent de rencontrer les personnes qui ont choisi d’adhérer à la politique de concorde civile, et placé ainsi leur devoir patriotique au-dessus de toute autre considération, refusant toute instrumentalisation de la crise vécue par l’Algérie par les milieux hostiles de l’intérieur ou de l’extérieur.

D’autre part, il s’agit de mesures devant permettre la normalisation définitive de la situation sociale des personnes qui ont fait l’objet de mesures administratives de licenciement, dans le cadre de leurs activités au service de l’Etat.

Tout en témoignant ainsi de votre mansuétude et de votre générosité, vous aurez également l’occasion de dire que vous n’entendez pas oublier les tragiques conséquences de l’odieuse instrumentalisation des préceptes de l’Islam, religion de l’Etat, ainsi que votre détermination à empêcher la répétition de cette dérive.

Partant de cette conviction que je partage avec vous, le projet de Charte prévoit l’interdiction de tout exercice d’une activité politique, sous quelque forme que ce soit, aux responsables de cette instrumentalisation de notre religion, de même que l’interdiction de toute activité politique, à quiconque ayant une part de responsabilité dans la conception et dans la mise en oeuvre de la politique prônant le pseudo "djihad" contre la Nation et les institutions de la République Algérienne Démocratique et Populaire.

Mes chers compatriotes,

Ainsi que je le soulignais il y a un instant, le projet de Charte soumis à votre libre choix est destiné à hâter le retour définitif de la sécurité et de la paix dans noter pays, mais il est destiné aussi à nous mener vers la réconciliation nationale et vers le renforcement de notre cohésion nationale. De ce fait, il se devait également d’apporter des réponses aux drames douloureux que vivent encore des familles algériennes.

Il en est ainsi de la tragique question des personnes disparues dans le sillage de la tragédie nationale, qui a affligé des milliers de nos familles et qui, de surcroît, est exploitée par des milieux hostiles à notre pays, non point par solidarité envers ces familles, mais dans le seul but de nuire à l’Algérie.

Ce dossier sur lequel l’Etat n’a ménagé aucun effort, nous interpelle collectivement et il nous faut y faire face avec courage et avec un sens élevé des responsabilités, dans l’intérêt national.

Nous partageons la douleur des familles des disparus, car les victimes sont nos compatriotes et les familles qui souffrent sont les nôtres. J’espère que dans notre foi et dans notre attachement commun à la réconciliation nationale, ces familles aux côtés desquelles nous nous tiendrons, sauront trouver le réconfort nécessaire pour panser leur blessure et dépasser leur douleur.

En ce qui nous concerne collectivement, nous la grande famille algérienne, le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale propose les mesures suivantes sur cette douloureuse question :

Tout d’abord, l’Etat se substituera en responsabilité pour le sort de toutes les personnes disparues dans le contexte de la tragédie nationale, et il prendra les mesures nécessaires en connaissance de cause,

Ensuite, l’Etat prendra toutes mesures appropriées pour permettre aux ayant droits des personnes disparues de transcender cette terrible épreuve dans la dignité,

Enfin, les personnes disparus seront considérées comme victimes de la tragédie nationale et leur ayants droit auront droit a réparation.

A travers ces propositions, c’est à un devoir de solidarité nationale que je vous invite, mes chers compatriotes, aux côtés de nos frères et de nos soeurs membres des familles des disparus, en priant Dieu le Tout Puissant qu’il les soutienne de Son réconfort.

Mes chers compatriotes,

La tragédie nationale a affecté l’ensemble de notre peuple sans exception.

Notre volonté de paix et de réconciliation nationale nous dicte donc le devoir de n’exclure aucune victime, de quelque bord qu’elle se soit retrouvée dans cette terrible épreuve. Voila pourquoi nous ne devons pas oublier également le drame des familles dont des membres ont pris part à l’action terroriste.

Notre religion de clémence et de fraternité nous enseigne que chacun ne peut être responsable que de ses propres actes. Les parents, les veuves et les orphelins de ceux qui ont rejoint les rangs des terroristes ne peuvent être tenus pour responsables de leurs actes ni surtout être repoussés par notre société.

C’est pourquoi le projet de Charte propose que l’Etat prenne des mesures de solidarité nationale au profit de ces familles qui sont démunies et qui, elles aussi, ont été éprouvées par le terrorisme à travers l’implication de leur proche.

Mes chers compatriotes,

En vous rendant aux urnes le 29 Septembre prochain pour exprimer librement et souverainement votre décision sur le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale, c’est un choix décisif que vous effectuerez pour l’avenir de l’Algérie et pour celui de nos enfants.

Certains pourraient accueillir ce projet comme une provocation face à leur douleur encore vive. C’est un sentiment que nous respectons mais qui invite aussi à des interrogations : Combien de victimes faudra-t-il encore, après les 100.000 victimes que nous avons déjà enregistrées, pour apaiser la douleur de ceux qui ont perdu des êtres chers ? Quel tribut plus tragique devons-nous encore payer ensemble pour des aberrations politiques qui ont démontré leurs sanglantes conséquences ? Quel futur voulons-nous offrir à nos jeunes générations qui ont ouvert les yeux dans la tourmente de la tragédie nationale et qui sont déjà profondément traumatisées par la violence inouïe au milieu de laquelle elles ont grandi ?

Ayant personnellement placé, ma vie durant, l’Algérie au-dessus de toute autre considération, et appartenant à une génération qui a tout sacrifié pour la Patrie, je cultive la conviction qu’une large majorité de notre peuple se reconnaîtra dans le contenu de ce projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale, car ce projet est porteur des attentes de nos concitoyens, de ceux qui ont souffert durement de la tragédie nationale, de ceux qui ont vécu la peur, la mort de proches, d’amis et de voisins, de ceux qui, à ce jour, sont exposés aux crimes des résidus du terrorisme.

Des voix connues ne manqueront pas de s’élever pour tenter de s’opposer à cette attente populaire légitime, à notre désir profond de paix, à notre quête de réconciliation nationale pour que l’Algérie retrouve la force de son unité nationale qui lui a permis de s’opposer à ses adversaires à travers les siècles.

Ces voix seront sans aucun doute les mêmes que celles qui, à l’intérieur et à l’extérieur, ont assisté hier silencieuses aux horribles tueries qui nous ont frappés dans notre chair et dans notre âme. Ce silence coupable hier les a disqualifiés de s’ériger aujourd’hui en censeurs de la volonté du peuple souverain, comme elles se sont retrouvées disqualifiées déjà, dans leurs vaines tentatives de se dresser contre la Concorde Civile.

Le peuple algérien qui a chèrement reconquis sa liberté et qui a versé un très lourd tribut dans la solitude, à la lutte contre le terrorisme avant que la communauté internationale n’en mesure la menace et les effets destructeurs, a, légitimement, le droit de vivre enfin dans la paix et dans la réconciliation avec lui-même.

L’enlèvement et l’exécution de nos diplomates à Baghdad relèvent de ces tentatives de s’opposer à notre politique de réconciliation nationale et qui veulent que notre société continue à vivre dans cette atmosphère de peur et d’insécurité instaurée par le terrorisme. La réconciliation nationale nous permettra non seulement de renforcer notre cohésion et de ramener la paix dans nos villes et dans nos campagnes, elle nous permettra également d’isoler encore davantage les acteurs du terrorisme que nous pourrons alors combattre avec toujours plus d’efficacité et de détermination.

Si la politique reste l’art du possible, la Réconciliation nationale que je vous propose représente le seule compromis autorisé par les équilibres nationaux et qui, à l’instar de la concorde civile, ramènera la sérénité dans les esprits et dans les coeurs et balisera le chemin pour les solutions définitives de demain.

Il est temps pour chacun d’élargir sa vision pour comprendre que si les plaies sont encore béantes chez beaucoup d’entre nous, la facture nationale est lourde, très lourde, car la criminalité enregistrée sur le plan national comme la banalisation de la mort dans des milieux de notre jeunesse ne présagent pas pour demain une société de bonheur et de prospérité.

Tout ceci, toute cette violence, tout ce vandalisme, toute cette barbarie, sont la conséquence de l’épreuve terroriste que nous avons vécue.

C’est aujourd’hui la responsabilité de tous et de chacun d’oeuvrer au changement, à la paix, à la réconciliation. Pour cela, il faudra accepter de payer un tribut lourd mais inévitable à la paix et à la sécurité pour tous.

La Charte pour la paix et la réconciliation nationale nous offre l’occasion de canaliser l’apport de chacun dans le renforcement de l’unité nationale, la promotion et la consolidation de la personnalité et de l’identité nationales et la perpétuation des hautes valeurs de la Déclaration du Premier Novembre 1954. C’est maintenant à vous, Algériennes et Algériens, de lui apporter votre adhésion massive et enthousiaste pour qu’elle puisse devenir l’instrument de notre renaissance et assurer la gloire de notre Patrie.

Chers compatriotes,

Comme à l’accoutumée, je m’adresse à vous directement et en toute franchise pour vous exposer sincèrement et clairement mon point de vue, et vous consulter en toute liberté et responsabilité. Je reste convaincu que votre opinion est un engagement et votre libre choix un gage entre nous.

J’ai proposé auparavant, une initiative de concorde civile qui a été, par deux fois, adoptée par le parlement, et je ne me suis guère arrêté là mais suis allé vers un référendum populaire sanctionné par un résultat spectaculaire, jamais réalisé depuis le référendum populaire sur l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962. J’ai choisi la paix et la concorde pour lesquelles un lourd tribut a été versé, celui de la citoyenneté et du patriotisme. Je suis tout aussi persuadé que vous n’y renoncerez point surtout après que ce dernier se sont enraciné tout au long de ces années d’efforts, de construction et de persévérance soutenues.

Il est temps de poursuivre ce que vous avez entamé par le sang et la sueur, et d’atteindre votre noble objectif en réalisant une paix globale et durable qui tournera à jamais, une page horriblement ensanglantée et ce, en vous exprimant librement d’une haute et intelligible voix. Je suis convaincu que votre voix sera celle du droit, de la justice, et du bien et votre attitude ne sera qu’une caution louable à cette démarche que nous avons ensemble entamée et à travers laquelle nous recherchons le bien de ce pays et de ce peuple en restant profondément convaincus que la tolérance, l’indulgence et la fraternité sont des vertus prônées par l’Islam, de grandes qualités nationales, un comportement civilisé et une voie incontournable pour mettre fin à un cycle infernal de violence, à une ère faite de mort, de destruction et de désolation.

Comme votre adhésion était remarquable, votre soutien franc et résolu au projet de la concorde civile, c’est rempli d’optimisme que je souhaite que le projet de la réconciliation nationale puisse bénéficier du même appui assuré que je suis de votre compréhension, de votre clairvoyance, de votre mûre réflexion, de vos grandes valeurs et de votre nationalisme sincère. La volonté des peuples n’émane-t-elle pas de la volonté de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ?

Chers compatriotes,

Le référendum auquel je vous invite aujourd’hui est un référendum démocratique, transparent et régulier et votre libre décision sera souveraine et impérative.

Je la respecterai et j’oeuvrerai à son application quoiqu’il en coûte.

La démocratie prend en compte l’avis de la minorité mais implique aussi que celle-ci se plie à l’avis de la majorité. Ceci étant, je souhaite que la majorité écrasante soit, sincèrement et fermement, attachée à l’esprit de réconciliation, d’entente et de tolérance.

C’est la un appel du coeur au coeur, débordant d’amour et de bonté, convaincu que l’Islam est paix, que la civilisation est quiétude et que la patrie est citoyenneté pour la coexistence, la solidarité et l’entraide.

C’est la un appel de la raison à la raison consciente et avisée, à la conscience éclairée et responsable, à l’esprit qui agit avec discernement et sagesse dans la voie de la réussite, du bonheur et de la quiétude.

L’Algérie avec laquelle vous avez rendez-vous aujourd’hui demain est sure d’elle et de ses capacités.

L’Algérie aspire à un avenir radieux qui se réalisera, grâce à Dieu, grâce à votre réconciliation et votre cohésion, grâce à vos effort et vos sacrifices, grâce à votre fidélité et votre adhésion autour de votre Etat et de vos dirigeants.

La détermination et le génie des hommes procèdent de la volonté et de la grandeur des peuples. Nous avons appris de la glorieuse Révolution de Novembre comment se réalise la fusion de toutes les potentialités dans le creuset du nationalisme créateur pour accomplir des merveilles et relever les défis.

Nous, nous comptons sur Dieu et sur notre cher peuple, conscients du poids de la responsabilité, avec la foi en la capacité de notre peuple à assimiler l’appel et avec la certitude qu’il sera au rendez-vous de l"Histoire comme il l’a toujours été et le sera encore.

Puisse Dieu, Tout Puissant, préserver notre chère patrie, guider notre peuple dans son choix et bénir sa marche vers le parachèvement du processus pour réaliser davantage de progrès et de prospérité. Puisse-t-il lui permettre de vivre dans la dignité, la quiétude et la prospérité.

Puisse Dieu nous armer de sagesse, de force et de patience pour accomplir dans la fidélité au serment, les responsabilités qui m’incombent et être à la hauteur de la confiance de mon grand peuple pour mener notre chère patrie au plus haut rang de la dignité et de la réussite.

Gloire à l’Algérie,
Gloire à ses martyrs, ses héros et son grand peuple.
Je vous remercie.