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Lettre adressée au Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan et remise à Mme Louise Fléchette, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies par M. Wang Guangya, Représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies

N e w Y o r k
Son Excellence Monsieur Kofi Annan
Secrétaire général des Nations Unies

Excellence,

Je tiens à mentionner les lettres A/60/192 et A/60/193 qui vous ont été adressées récemment par le Tchad et un nombre infime de pays et, d’ordre de mon gouvernement, à vous exposer solennellement ci-après notre position :

1. Cette année, les pays susmentionnés, en violation flagrante des buts et principes de la Charte des Nations Unies et au mépris de la résolution 2758 (XXVI) de l’Assemblée générale, demandent une fois de plus à l’Assemblée générale d’examiner la soi-disant question de la « participation de Taiwan à l’ONU » et d’ouvrir un débat sur « le rôle actif des Nations Unies dans le maintien de la paix dans le détroit de Taiwan ». Le gouvernement et le peuple chinois condamnent vivement cette tentative d’ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et s’y opposent fermement.

2. Taiwan, qui fait partie du territoire chinois, n’a jamais été un Etat. Il n’y a dans le monde qu’une seule Chine dont la souveraineté et l’intégrité territoriale sont indivisibles. Bien que la partie continentale et l’île de Taiwan ne soient pas encore réunifiées, cela n’a rien changé au fait qu’elles appartiennent à la même et unique Chine. Telle est la réalité des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan. Il s’agit d’un fait que personne ne peut changer ou nier. Aujourd’hui, plus de 160 pays du monde ont des relations diplomatiques avec la Chine et reconnaissent le principe d’une seule Chine et le fait que Taiwan fait partie de la Chine. C’est aussi le principe auquel les Nations Unies s’en tiennent depuis toujours.

3. En 1971, à sa 26e session, l’Assemblée générale a adopté à une écrasante majorité l’historique résolution 2758 (XXVI), qui reconnaît sans équivoque le représentant du gouvernement de la République populaire de Chine comme l’unique représentant légitime de la Chine au sein des Nations Unies. Dès lors, la question de la représentation de la Chine au sein de l’ONU a été réglée une fois pour toutes. La représentation de la Chine couvre naturellement Taiwan, une partie de son territoire. La soi-disant question de la « représentation de Taiwan à l’ONU » n’existe donc pas. Toute tentative d’altérer, voire de renier la résolution 2758 (XXVI) est vouée à l’échec.

4. L’ONU est une organisation intergouvernementale composée des Etats souverains. Taiwan, en tant qu’une partie de la Chine, n’est pas habilité à adhérer à l’ONU et à ses institutions spécialisées, à quelque titre que ce soit. Depuis 1993, le Bureau de l’Assemblé générale, à chaque session, a toujours refusé explicitement d’inscrire la soi-disant question de la « participation de Taiwan à l’ONU » à l’ordre du jour de l’Assemblée. Cela montre pleinement la détermination des nombreux Etats membres à respecter la Charte des Nations Unies et la résolution 2758 de l’Assemblée, de même que l’impopularité des activités sécessionnistes des autorités de Taiwan qui tentent de parvenir à leur but au moyen de la « participation à l’ONU ».

5. La question de Taiwan relève purement des affaires intérieures de la Chine. La position du gouvernement chinois sur cette question est ferme et claire. Nous resterons fidèles au principe fondamental dit de « réunification pacifique et un pays, deux systèmes », ainsi qu’à la Proposition en huit points pour le développement dans la phase présente des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan et la promotion de la réunification pacifique de la patrie. Le 4 mars 2005, le Président Hu Jintao a avancé une proposition en 4 points sur le développement dans le nouveau contexte des rapports inter-détroit, qui a été largement appréciée par les Chinois des deux côtés du détroit et a attiré une grande attention de l’opinion internationale. Le respect du principe d’une seule Chine constitue la base du développement des relations inter-détroit et de la réalisation de la réunification pacifique. Nous proposons depuis toujours que les deux rives du détroit de Taiwan ouvrent le dialogue et les négociations sur la base de ce principe.

Récemment, à l’invitation du Comité central du Parti communiste chinois et de son Secrétaire général Hu Jintao, le Président du Kuomintang Lien Chan, le président du Parti « Peuple d’abord » James Soong et le président du Parti Nouveau Yok Mu-ming ont effectué successivement une visite réussie sur la partie continentale. Le secrétaire général Hu Jintao a eu respectivement avec eux un entretien officiel et des échanges de vues francs et approfondis sur les questions majeures des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan ainsi que les échanges entre leurs partis. Contribuant à faire évoluer les relations inter-détroit dans le sens de la paix et de la stabilité, ces visites correspondent aux intérêts communs des Chinois de part et d’autre du détroit de Taiwan et répondent à l’aspiration des Taiwanais à la paix, à la stabilité et au développement. Elles sont largement soutenues par les Chinois des deux rives du détroit et pleinement appréciées par la communauté internationale.

6. Il faut souligner que, ces dernières années, de grands changements complexes se sont opérés dans l’île de Taiwan. Les forces sécessionnistes ont intensifié leurs activités pour l’« indépendance de Taiwan », portant gravement atteinte au développement en paix et régulier des relations inter-détroit. Elles représentent, plus que jamais, le plus grand obstacle au développement des rapports entre les deux rives du détroit et la pire menace sur la paix et la stabilité dans la région. Pour endiguer et combattre les activités sécessionnistes, promouvoir la réunification pacifique, préserver la paix et la stabilité dans le détroit, sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays et défendre les intérêts fondamentaux de la nation chinoise, l’Assemblée populaire nationale de la Chine a adopté le 14 mars 2005 la loi anti-sécession.

Cette loi définit clairement la nature du problème de Taiwan. Elle a transformé en dispositions juridiques les principes fondamentaux, les principales mesures politiques appliquées depuis de nombreuses années par le gouvernement chinois et les propositions importantes qu’il a avancées en vue de la solution du problème de Taiwan. Ayant fixé les règles impératives à suivre pour l’adoption des principes et mesures politiques en vue de la solution du problème de Taiwan, elle témoigne de notre disponibilité à négocier sur tous sujets, tant que le principe d’une seule Chine est observé. Les dispositions de cette loi traduisent notre position constante qui consiste à déployer tous nos efforts, avec la plus grande sincérité, pour réaliser la réunification pacifique, ainsi que la ferme volonté commune de tous les Chinois de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

L’élaboration de la loi anti-sécession, qui est une loi interne de la Chine, constitue une mesure préventive pour sauvegarder la souveraineté, l’intégrité territoriale de notre pays et préserver les perspectives de la réunification pacifique. Vu la grave atteinte que portent les activités sécessionnistes aux relations inter-détroit, à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taiwan et en Asie-Pacifique, ainsi que la menace sérieuse qu’elles représentent, la loi prévoit le recours éventuel aux moyens non pacifiques pour déjouer les tentatives des forces sécessionnistes pour l’« indépendance de Taiwan » de diviser le pays. Il faut souligner que nous entendons faire preuve de la plus grande sincérité et déployer tous nos efforts pour réaliser la réunification pacifique du pays. Or, aucun Etat souverain ne saurait tolérer les actes sécessionnistes. Les moyens non pacifiques ne seront utilisés qu’en dernier recours pour empêcher les forces sécessionnistes de séparer Taiwan du reste de la Chine, quand nos efforts de réunification pacifique se seront avérés tout à fait inutiles. L’élaboration de cette loi revêt donc une grande signification et jouera un rôle considérable pour combattre et freiner les activités aventureuses des forces sécessionnistes, de même que pour préserver la paix, la stabilité et la prospérité dans le détroit de Taiwan et en Asie-Pacifique.

Ce sont les activités sécessionnistes des autorités de Taiwan qui sont à l’origine de la tension dans le détroit de Taiwan. Les autorités de Taiwan doivent renoncer à leur position sécessionniste et cesser toutes leurs activités visant l’ « indépendance de Taiwan ». C’est seulement ainsi que la paix et la stabilité dans la région pourront être assurées.

Défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de notre pays et réaliser au plus tôt la réunification complète de la patrie, voilà la volonté commune et la détermination ferme des 1,3 milliard de Chinois, y compris de nos compatriotes de Taiwan, que personne ni aucune force ne peut ébranler ou contrecarrer.

7. Le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats constituent un principe fondamental de la Charte des Nations Unies auquel tous les pays du monde sont très attachés. La Chine, qui s’est toujours conformée à ce principe dans les relations internationales, n’a jamais fait rien de préjudiciable aux pays auteurs des projets de résolutions susmentionnés. Alors que ces derniers, à l’instigation des autorités de Taiwan, n’hésitent pas à prendre une démarche qui porte atteinte aux intérêts de la Chine et blesse le sentiment du peuple chinois. En plus, leurs actes ont perturbé gravement le bon déroulement des travaux de l’Assemblée générale. Nous demandons avec force à ces pays de changer de politique, d’agir dans le plein respect de la Charte des Nations Unies et de la résolution 2758 de l’Assemblée et de se rallier à la position adoptée par la majeure partie des Etats membres des Nations Unies sur la question de Taiwan. Nous apprécions hautement la prise de position juste de l’ONU et de ses nombreux Etats membres ainsi que leur attachement au principe d’une seule Chine. Nous avons la ferme conviction que dans leur juste cause de la sauvegarde de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du pays, le gouvernement et le peuple chinois pourront toujours compter sur la compréhension et le soutien des différentes parties.

Je vous serais obligé de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre comme document de l’Assemblée générale au titre du point 116 de l’ordre du jour provisoire de sa 60e session.

Représentant permanent de la République populaire de Chine auprès des Nations Unies
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire
Wang Guangya