Le jour est venu. Nous entamons cette étape difficile et plus douloureuse que tout : l’évacuation de nos implantations de Gaza et du nord de la Samarie. Cette étape m’est difficile sur le plan personnel. C’est le cœur lourd que le gouvernement d’Israël a pris la décision du désengagement, et ce n’est pas à la légère que la Knesset l’a entérinée.

Ce n’est pas un secret que moi aussi, comme beaucoup d’autres, j’ai cru et espéré que nous pourrions nous maintenir pour toujours à Netzarim et à Kfar Darom. Mais la situation a changé en Israël, dans la région et dans le monde, et m’a contraint à une évaluation différente et à un changement de position. Il n’est pas possible de rester définitivement à Gaza. Plus d’un million de Palestiniens y vivent, et leur nombre double à chaque génération. Ils s’entassent, dans des conditions de surpopulation sans égale, dans des camps de réfugiés, où sévissent la pauvreté et la détresse, et dans un climat survolté de haine qui ne cesse de croître sans espoir en perspective.

C’est en position de force et non par faiblesse que nous prenons cette initiative. Nous avons tenté de parvenir avec les Palestiniens à des accords qui mènent les deux peuples à un accord de paix. Mais nos efforts se sont brisés contre une muraille de haine et de fanatisme.

Le Plan de désengagement unilatéral, que j’ai annoncé il y a plus de deux ans, est la réponse israélienne à cette situation. Ce Plan est bon pour Israël dans toutes les configurations futures. Nous réduisons au minimum les frictions quotidiennes et les victimes qui en résultent pour les deux parties. Tsahal va se redéployer sur des frontières défensives derrière la barrière de sécurité. Ceux qui continueront à nous combattre se heurteront à Tsahal et aux forces de sécurité dans toute leur puissance. C’est aux Palestiniens qu’incombe maintenant l’obligation de la preuve. A eux de combattre les organisations terroristes et de démanteler leurs infrastructures, de montrer qu’ils aspirent sincèrement à la paix, pour qu’ils puissent s’asseoir avec nous à la table des négociations. Le monde attend la réaction palestinienne : la main tendue pour la paix, ou le feu de la terreur. A la main tendue nous répondrons par un rameau d’olivier, mais au feu nous répondrons par le feu, plus durement que jamais.

Le désengagement nous permettra de nous occuper de nos problèmes domestiques. L’ordre des préférences nationales va changer. La politique économique pourra s’investir dans la réduction des écarts sociaux et dans une lutte véritable contre la pauvreté. Nous favoriserons l’éducation et renforcerons la sécurité personnelle de tout citoyen de cet Etat.

La controverse autour du plan de désengagement a causé de graves blessures, engendré une haine fratricide amère, et donné lieu à des expressions et à des actes violents. Je comprends l’état d’esprit, la douleur et les lamentations des opposants. Mais nous sommes un seul peuple même quand nous nous affrontons et nous disputons.

Résidents de la région de Gaza, aujourd’hui s’achève un épisode glorieux de l’histoire d’Israël et un chapitre central de l’histoire de votre vie, en tant que pionniers et acteurs de ce processus, qui avez porté, en notre nom à tous, le fardeau de la défense et du peuplement [de cette région]. Votre douleur et vos larmes sont une part indissociable de l’histoire de ce pays. Quelles que soient nos divergences, nous allons vous transférer, et, après l’évacuation, nous ferons tout pour reconstruire votre vie et vos communautés.

Je veux dire aux soldates et aux soldats de Tsahal, aux membres féminins et masculins de la police d’Israël et des gardes-frontières, qu’une tâche difficile vous attend. Vous n’aurez pas affaire à des ennemis mais à des frères et des sœurs. Sensibilité et patience sont le mot d’ordre de l’heure. Je suis sûr que c’est ainsi que vous vous comporterez. Je veux que vous le sachiez : tout le peuple est avec vous, et il est fier de vous.

Citoyens d’Israël, la responsabilité de l’avenir d’Israël m’incombe. J’ai pris l’initiative de ce Plan car je suis parvenu à la conclusion que c’est un acte vital pour Israël. Croyez-moi, la douleur que je ressens à poser cet acte n’a d’égale que la certitude absolue qu’il nous faut l’accomplir. Nous prenons une voie nouvelle , et elle n’est pas sans danger, mais elle contient aussi une lueur d’espoir pour nous tous.

Avec l’aide de D., cette voie sera une voie d’unité et non une voie de dissension, de respect mutuel et non d’hostilité entre frères, d’amour gratuit et non de haine gratuite. Je ferai tout pour qu’il en soit ainsi.

Traduction française à partir de l’hébreu : Menahem Macina, pour le site www.upjf.org