Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao a tenu la conférence de presse régulière dans l’après-midi du 7 juillet.

Liu Jianchao : Bonjour tout le monde ! Tout d’abord, je voudrais vous annoncer une nouvelle :

Sur l’invitation des gouvernements de la République du Kazakhstan, de la République d’Ouzbékistan, du Turkménistan et de la République de Tadjikistan, la Vice-premier Ministre du Conseil des Affaires d’État Wu Yi effectuera une visite officielle dans ces quatre pays du 13 au 22 juillet. Durant sa visite au Kazakhstan, elle coprésidera avec le Vice-premier Ministre kazakh Akhmetzhan Yesimov la 2e séance de la Commission mixte pour la coopération entre la Chine et le Kazakhstan.

Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.

Q : Dans la déclaration adoptée par l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) lors du Sommet à Astana, a été évoqué le délai limite de retrait des forces de la coalition contre le terrorisme basées en Afghanistan et en Ouzbékistan. Est-ce que l’OCS en a déjà discuté avec les autres parties concernées ? Lors du Sommet, le Président Hu Jintao a annoncé que la Chine présenterait des conditions encore plus avantageuses concernant les 900 millions de USD de crédit acheteur à l’exportation qu’elle avait promis au Sommet de Tachkent. Pouvez-vous en donner plus de détails ? Dans sa déclaration, l’OCS a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme à laquelle les États-Unis portent également beaucoup d’intérêts. Est-ce que l’OCS a l’intention de coopérer avec les États-Unis sur ce sujet ? Est-ce que cette question sera évoquée lors de la visite en Chine de la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice ?

R : Après les événements du 11 septembre, les pays membres de l’OCS ont coopéré activement avec la coalition internationale contre le terrorisme dans son action anti-terroriste en Afghanistan tout en lui accordant des facilités en matière d’infrastructures terrestres et de transport. Actuellement, la situation en Afghanistan tend à se stabiliser et l’opération anti-terroriste à grande échelle est pratiquement achevée. Ces pays estiment qu’il faut préciser la date limite pour l’utilisation desdites infrastructures et le retrait des troupes stationnées dans ces pays. La Chine a la compréhension de leurs considérations, et le sujet a été inclus dans la « Déclaration des Chefs d’État de l’OCS ». Quant aux dispositions concrètes à envisager, je crois que les pays concernés auront des contacts avec la coalition internationale.

Concernant votre deuxième question, le Président Hu Jintao a précisé au Sommet les priorités de l’OCS. L’une d’entre elles consiste à promouvoir la coopération économique au sein de l’Organisation pour qu’elle obtienne des résultats tangibles dans les meilleurs délais. Il a appelé toutes les parties à intensifier la coordination tout en augmentant les inputs pour mettre en application, étape par étape et par ordre de priorité, le Programme de coopération économique et commerciale multilatérale et les plans concernés, et établir le plus vite possible un consortium bancaire pour explorer activement des modalités de coopération tant multilatérale que bilatérale incluant à la fois les gouvernements et les entreprises, promouvoir la création des liens et la coopération entre l’OCS et les institutions financières internationales, et créer des conditions favorables à l’approfondissement de la coopération économique. Selon le Président, la Chine attache une grande importance à l’utilisation du crédit acheteur préférentiel à l’exportation à la somme de 900 millions de USD annoncé lors du Sommet de Tachkent, et elle a décidé d’adopter des mesures encore plus avantageuses en matière de taux d’intérêt, de délai et de conditions de caution pour que ce crédit puisse être utilisé le plus tôt possible dans les projets de coopération qui intéressent les pays concernés et leur profitent. Les départements chinois concernés auront des consultations avec les autres États membres en ce qui concerne les dispositions à prendre.

Quant à la coopération entre l’OCS et les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, il s’agit là d’une tâche commune pour la communauté internationale qui, par conséquent, a besoin de mener une action commune et de renforcer la coopération à cet égard. L’OCS, en tant qu’une organisation ouverte, poursuit les mêmes objectifs que beaucoup d’autres pays et d’organisations dans le monde. Nous sommes sûrs que l’OCS souhaite renforcer sa coopération avec tous les pays du monde dont les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme afin d’éradiquer ensemble cette « tumeur maligne ». Je ne sais pas encore si cette question sera évoquée lors de la visite du Dr Rice en Chine. Je pense que les deux parties procéderont à un échange de vues approfondi sur les relations sino-américaines, la question nucléaire dans la Péninsule coréenne, ainsi que d’autres questions régionales et internationales d’intérêt commun. Elle aura des entrevues avec des dirigeants chinois et des entretiens avec le Ministre des Affaires étrangères Li Zhaoxing.

Q : Le 5 juillet, le gouvernement soudanais et les forces rebelles du Darfour ont signé à Abuja une déclaration de principes. Quels sont vos commentaires ?

R : La Chine salue ce progrès réalisé par le gouvernement soudanais et les forces rebelles dans leurs pourparlers de paix, ce qui permet au Darfour de retrouver progressivement une situation stable. Estimant toujours que les négociations politiques constituent un moyen efficace pour résoudre le problème du Darfour, elle souhaite que, sous l’égide de l’Union africaine, les parties poursuivent leurs efforts pour trouver au plus tôt une solution adéquate à ce problème.

Q : Qu’attend la Chine de la Réunion mini-ministérielle de l’OMC qui se tiendra la semaine prochaine ? Le problème des quotas sur les textiles chinois sera-t-il à l’ordre du jour lors des consultations de la Commission conjointe sino-américaine sur le commerce (JCCT) la semaine prochaine ? Quelles exigences la Chine entend présenter aux Etats-Unis et quelles concessions elle va faire à la partie américaine ? Le problème de la pauvreté en Afrique sera au menu des discussions lors du Sommet du G8. Quelles propositions le Président Hu Jintao avancera-t-il à cette occasion ?

R : Vos deux premières questions sont l’une comme l’autre du ressort du Ministère chinois du Commerce. Pour ma part, je dispose de certaines informations, mais beaucoup moins que le Ministère du Commerce. Nous espérons que la Réunion mini-ministérielle de l’OMC, qui se tiendra à Dalian, obtiendra des résultats tangibles. La Chine, pays hôte de la Réunion, fera tous ses efforts dans ce sens. Pour en savoir plus, vous voudrez bien consulter le Ministère du Commerce.

Quant à la date et à l’ordre du jour de la session de la JCCT ainsi qu’aux autres arrangements, ils font encore l’objet de discussions et seront fixés d’un commun accord par la partie chinoise et la partie américaine. Pour les questions de détail à cet égard, je vous conseille également de vous adresser au Ministère du Commerce.

Passons maintenant aux dossiers de la lutte contre la pauvreté et de la réduction des dettes, sujets à débattre au « Dialogue 8+5 ». à notre avis, la pauvreté est un problème grave qui préoccupe la communauté internationale, et en même temps un grand défi que celle-ci doit relever pour assurer le développement dans le monde. Les pays développés ont des responsabilités irrécusables à assumer en matière d’éradication de la pauvreté et de réduction des dettes des pays en développement, notamment des pays déshérités. Nous espérons que les pays développés prendront des mesures effectives pour aider les pays sous-développés à sortir de leur situation difficile. La Chine, elle aussi, est un pays en voie de développement, et elle a une lourde tâche de développement à accomplir. Malgré cela, elle a accordé, dans la mesure du possible, son aide à des pays pauvres, y compris des pays africains, et réduit, voire annulé les dettes arrivées à échéance de certains pays africains. La Chine entend poursuivre ses efforts effectifs dans ce sens.

Q : Lors de sa dernière visite en Chine, la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a qualifié la RPDC d’État souverain. Est-ce que la Chine attend d’elle la même flexibilité pendant sa prochaine visite en Chine ? Aujourd’hui, la Chine, le Japon et la République de Corée feront des exercices conjoints de sauvetage dans les eaux littorales de Shanghai. Ce sera la première fois pour le Japon de venir en Chine participer à de tels exercices. Quel commentaire la Chine entend faire là-dessus ?

R : C’est à la partie américaine de décider elle-même quelles politiques adopter et annoncer. Néanmoins, partant de l’intérêt général que représentent le maintien de la paix et de la stabilité dans la Péninsule coréenne et l’effort à consentir pour atteindre le but de faire de cette Péninsule une zone sans armes nucléaires, nous espérons que les différentes parties montreront davantage de bonne volonté et délivreront plus de signes positifs en vue de créer des conditions favorables à une reprise rapide des pourparlers à six.

Aujourd’hui, le Centre de sauvetage maritime du Ministère chinois des Transports et Communications a organisé des « Exercices conjoints de sauvetage en Mer de Chine orientale 2005 », au large du Port Yangshan de Shanghai. Il s’agit d’exercices réguliers, mais d’une plus grande envergure que d’habitude.

La Chine maintient d’étroits contacts et coopère avec des organismes de sauvetage en mer des pays concernés. Pour échanger des expériences et améliorer la compréhension mutuelle, nous avons invité cette fois-ci des organismes maritimes du Japon et de la République de Corée à envoyer des bateaux participer aux exercices, et nous avons invité d’autres pays à y assister. C’est dans le but de renforcer la coopération de la Chine avec les pays concernés dans ce domaine que nous avons lancé ces invitations.

Q : Selon une dépêche de l’Agence Xinhua parue il y a quelques mois, la Chine a prévu d’organiser cet été une série de manifestations en commémoration de la Seconde Guerre mondiale. Pourriez-vous présenter le déroulement jusque-là de ces manifestations ? Quelles sont les activités prévues pour plus tard ? Quel effet les manifestations déjà tenues ont-elles produit sur la population chinoise ?

R : Pour commémorer le 60e anniversaire de la victoire de la guerre mondiale anti-fasciste et celle de la Guerre de Résistance chinoise contre le Japon, les départements chinois concernés ont préparé et organisé une série d’activités commémoratives. Parmi les journalistes ici présents, certains se sont sans doute rendus au Pont Lugou pour assister aux manifestations commémorant l’Incident du 7 juillet 1937. Les départements compétents vous informeront au fur et à mesure des programmes des activités du genre. Pour le moment, je n’en connais pas encore le plan global. Nous resterons en contacts avec les départements concernés et vous tiendrons au courant des arrangements dès que possible pour vous faciliter le travail. À ma connaissance, les activités commémoratives se dérouleront en plusieurs étapes et dureront jusqu’au 3 septembre.

Q : Avez-vous des chiffres précis sur les dettes africaines annulées par la Chine au cours des 5 à 10 dernières années ? Sinon, à quel ministère dois-je m’adresser pour avoir ces chiffres ?

R : Je peux vous donner un chiffre, peut-être incomplet. À la première Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine en octobre 2000, la Chine a annoncé sa décision d’annuler les dettes échues de certains pays pauvres très endettés (PPTE) du continent africain. Elle a tenu ses engagements, en annulant en moins de deux ans, en faveur de 31 pays africains, des dettes de 10,5 milliards de yuans RMB. La Chine souhaite, de par cette initiative, pousser la communauté internationale à accélérer le désendettement des pays africains. Nous avons noté que récemment la réunion des Ministres des Finances du G8 avait décidé de réduire des dettes des PPTE, y compris des pays africains. Nous saluons cette décision et espérons qu’elle sera bientôt traduite en action.

Q : Vous avez évoqué tout à l’heure dans votre réponse l’Incident du Pont Lugou. Aujourd’hui marque le 68e anniversaire de cet événement tragique. Sans rappeler les problèmes du passé, pouvez-vous nous dire ce qu’il y a de positif dans les relations politiques actuelles entre la Chine et le Japon ?

R : Certes, il y a aujourd’hui pas mal de difficultés dans les relations politiques sino-japonaises. Ce qui est sûr, c’est que chacun des deux pays attache toujours une grande importance à ses relations avec l’autre et fait son possible pour améliorer et développer ces relations. C’est justement dans cet objectif que les deux parties ont mené récemment une série de consultations. La Chine et le Japon, tous deux pays influents dans le monde, jouent l’un comme l’autre un rôle important dans la région. Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, l’entente profite tandis que l’affrontement nuit à l’une comme à l’autre partie. Nous espérons que les deux pays pourront, sur la base des principes des trois documents politiques, résoudre adéquatement leurs problèmes, notamment le problème historique et celui de Taiwan, pour ramener leurs relations bilatérales à la normale et contribuer au bien-être des deux peuples.

Q : Selon des reportages, au cours de la visite de Condoleeza Rice en Chine, la RPDC invitera deux parlementaires américains à y faire une visite. La presse chinoise en a parlé. Connaissez-vous cette nouvelle et pouvez-vous la confirmer ?

R : Comme vous, j’ai appris cette nouvelle par la presse et ne dispose pas de plus d’informations. Je crois que la multiplication des contacts entre la RPDC et les états-Unis peut contribuer à l’accroissement de leur connaissance et confiance mutuelles. Nous espérons que ce genre de contacts pourra continuer.

Q : La Déclaration conjointe sino-russe a évoqué la question d’un nouvel ordre international. D’après ce que j’ai compris, si la Chine et la Russie souhaitent promouvoir le multilatéralisme dans le monde, cela veut bien dire qu’il existe de l’unilatéralisme. Ce texte sino-russe vise-t-il un certain pays unilatéraliste ?

R : La réponse est en fait évidente et je n’ai pas besoin de la préciser. Beaucoup de pays, non seulement la Chine et la Russie, préconisent le multilatéralisme et la multipolarisation. Nous estimons que la multipolarisation est l’orientation de l’évolution inéluctable de l’ordre international et représente une illustration importante de la démocratisation des relations internationales. Mais cela serait bien sûr un processus long et difficile.

Q : La deuxième moitié de la question que j’ai posée tout à l’heure est de savoir les résultats des activités commémoratives organisées depuis le mois de mai ainsi que leurs impacts sur le gouvernement et le peuple chinois, les relations sino-japonaises et les relations sino-européennes.

R : La Guerre de Résistance contre le Japon est une composante importante de la guerre mondiale anti-fasciste, le champ de bataille chinois étant le principal théâtre asiatique pour cette dernière. À l’occasion du 60e anniversaire de la victoire de la Guerre de Résistance contre le Japon, commémorer la guerre mondiale anti-fasciste et la Guerre de Résistance contre le Japon permet aux peuples du monde d’avoir plus à cœur l’environnement pacifique qui a coûté tant d’efforts et de s’engager fermement sur la voie du développement pacifique. Nous espérons que le pays concerné, notamment les personnes ayant une compréhension et une attitude erronées devant les problèmes historiques pourront, grâce à ces activités commémoratives et à un tour d’horizon de cette histoire, les comprendre de façon correcte et complète et y adopter une attitude responsable. Cela est d’une grande importance pour le pays concerné, pour l’Asie, voire pour la paix et la stabilité dans le monde.

Q : Pourriez-vous dire quelques mots sur les consultations Chine-Népal en matière de politique étrangère ?

R : à ma connaissance, le Vice-ministre népalais est en visite en Chine ces derniers jours. Il a eu des échanges de vues avec le Vice-ministre chinois des Affaires étrangères Wu Dawei sur les relations bilatérales et des questions internationales et régionales. Les deux Vice-ministres ont hautement apprécié les progrès réalisés par les deux pays dans leur coopération sur tous les plans depuis l’établissement des relations bilatérales il y a un demi-siècle et ont convenu de prendre de nouvelles mesures et de déployer davantage d’efforts pour promouvoir le développement des relations sino-népalaises. Ils envisagent d’organiser des manifestations pour célébrer le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Népal. Par ailleurs, la partie népalaise a présenté la situation actuelle à l’intérieur du Népal, tandis que le Vice-ministre Wu Dawei a souligné à ce sujet que la Chine appuyait les efforts actifs du gouvernement népalais pour stabiliser la situation à l’intérieur du pays et promouvoir le développement de son économie nationale. Il a exprimé le vœu et la confiance de voir le peuple népalais obtenir davantage de succès sur la voie de l’édification nationale et de la stabilisation du pays.

Concernant la question que vous avez posée la fois dernière sur le souhait exprimé par la Népal de devenir pays de transit pour les échanges commerciaux entre la Chine et l’Inde pour faciliter le commerce entre les trois pays, le Vice-ministre Wu Dawei a souligné que la Chine est favorable à la création d’un arrangement rationnel facilitant le commerce de transit entre la Chine, le Népal et d’autres pays de l’Asie du Sud et entend mener des consultations avec les pays concernés sur cette question.

Q : à part le Ministre Li Zhaoxing, qui est-ce que la Secrétaire d’état Condoleezza Rice rencontrera encore au cours de sa visite en Chine ? Quels sont les sujets que la Chine souhaite évoquer lors des entretiens ?

R : Je ne connais pas les sujets précis qui seront abordés entre les deux parties lors du déplacement en Chine du Dr Condoleezza Rice. Mais je pense qu’elles parleront certainement des relations sino-américaines, porteront une évaluation sur leur développement durant cette année, envisageront leur avenir et discuteront des questions concrètes entre les deux pays. Je suis sûr que le problème nucléaire de la Péninsule coréenne figurera parmi les grands sujets à discuter, tandis que d’autres dossiers internationaux ou régionaux seront aussi évoqués par les deux parties. Je vous apporterai des précisions pendant ou après la visite.

Si vous n’avez plus de questions, la conférence de presse d’aujourd’hui est terminée. Je vous remercie.