Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, s’adresse aux féministes dans Le Figaro pour les appeler à la tolérance et la compréhension de leurs sœurs musulmanes voilées. Cet exercice de style trouve rapidement sa limite dans la mesure où l’auteur se situe délibérément sur le plan de l’orthodoxie et de la liberté religieuse et non pas sur celui de la liberté de conscience.
Reda Benkirane, consultant à l’ONU, analyse dans Al-Ahram la querelle dans une toute autre perspective. Alors que les Européens se plaisent à distinguer le communautarisme anglo-saxon de l’égalitarisme français, il relève au contraire le caractère universaliste commun des idéologies française et musulmane, même si leurs applications sont imparfaites. Il conclut donc à la parfaite compatibilité et complémentarité de la République et de l’islam.

Dans l’International Herald Tribune, le sociologue Amitai Etzioni tourne en dérision le rêve américain d’une démocratie instantanée dans les pays libérés. Il ne suffira pas que les Irakiens aient une constitution, ni même qu’ils votent une ou deux fois, pour que leur pays se transforme en démocratie. Il leur faudra un long apprentissage. On serait tenté de rappeler à M. Etzioni que cette éducation sera d’autant plus longue que Washington à imposé pendant des années la dictature de Saddam Hussein et n’y a mis fin que pour servir ses propres intérêts.

Diffamé pour avoir émis un jugement négatif de la politique d’Ariel Sharon, l’analyste Pascal Boniface récidive. Il souligne dans Le Figaro que le conflit en Palestine alimente le fantasme de choc des civilisations et pourrait, s’il persiste, lui donner chair.
À l’autre bout de l’échiquier politique, l’éditorialiste du Washington Times, Arnaud de Borchgrave, répond aux lecteurs outrés de son journal. Ils ont vivement réagi aux affirmations répétées du quotidien mooniste selon qui la guerre en Irak a été conduite dans l’intérêt d’Israël et non pas dans celui du peuple états-unien. Après avoir rappelé ses états de service pro-israélien, Borchgrave souligne qu’il n’est pas antisémite de citer les conseils formulés par les néo-conservateurs, en 1996, au Premier ministre israélien et de constater qu’ils les ont eux-mêmes mis en application en poussant les États-Unis dans la guerre.

Enfin, l’ancien Premier ministre français, Edouard Balladur, décrit dans Le Monde son projet d’Europe à trois vitesses. Cependant, quels que soient ces louables efforts pour sauver l’Union européenne, on perçoit de moins en moins l’objectif actuel d’une institution qui, comme l’OTAN, a été conçue par Washington dans le cadre de la Guerre froide.