Vladimir Poutine va être réélu président de la Russie et cela est suffisant pour réveiller les vieux réflexes issus de la Guerre chez les commentateurs politiques et à entendre des comparaisons avec l’ère soviétique ou l’autoritarisme tsariste. Il s’agit du même aveuglement qui les avait empêchés de voir la décrépitude de l’URSS et de continuer à parler de l’écrasante supériorité militaire de l’adversaire durant la Guerre froide.
En réalité, Poutine sera réélu parce que PIB russe croît de 7 à 8 % par an depuis 1998 et que la situation socio-économique s’est beaucoup améliorée depuis son arrivée au pouvoir. Avant cela, de l’effondrement de l’URSS à la crise de 1998, le PIB avait diminué de 50 % et l’espérance de vie de huit ans, ce qui ne s’était jamais vu dans aucun pays en temps de paix. Cela n’explique cependant pas tout. Sa politique étrangère a également donné à la population l’impression d’assiter à un redressement du pays après les humiliations subies durant l’ère Eltsine.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas voir les tendances autoritaires du régime, mais certaines actions se justifient. Poutine a ainsi repris en main la collecte des impôts et affronté, non sans risques, les oligarques. Ceux-ci exploitaient les ressources du pays au profit d’intérêts étrangers, principalement américains, et ce serait une erreur de les voir comme des démocrates. Il ne fait pas de doute que Poutine veut sécuriser son pouvoir, mais rien ne laisse penser qu’il veut revenir à l’autoritarisme soviétique ou tsariste.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« Putin has given Russians something to shout about », par Paul-Marie de La Gorce, Gulf News, 7 mars 2004.