Les analystes de l’IRIS, Pascal Boniface et Barthélemy Courmont, mettent en garde les lecteurs de Libération pour qu’ils ne placent pas de vains espoirs en John Kerry. La position du candidat démocrate en matière de politique étrangère reste empreinte de flou artistique, hormis la confirmation de son indéfectible soutien à Israël. Ses votes parlementaires récents ne l’ont pas véritablement différencié de son adversaire George W. Bush ; et ses intentions de ratification de traités internationaux dépendent d’un Congrès qui y est hostile. Ces remarques pessimistes peuvent éventuellement être nuancées si l’on se reporte au discours d’Edward Kennedy au Conseil des relations étrangères ou au prochain livre de Zbigniew Brzezinski préconisant un leadership multilatéral plutôt qu’une domination impériale. Mais rien ne prouve que le candidat Kerry soit effectivement sur la ligne tracée par ceux qui le soutiennent.
Précisément, l’ex-conseiller national de sécurité Zbigniew Brzezinski intervient dans le New York Times à propos de « l’initiative pour le grand Moyen-Orient ». Il souligne que cette proposition est minée par les déclarations préalables de Dick Cheney, selon lesquelles la démocratie doit précéder la paix. Les populations ont compris que Washington remet à plus tard le règlement du conflit palestinien et le retour de l’Irak à la souveraineté en les conditionnant à des réformes politiques dans la région.

L’ex-secrétaire d’État, Madeleine K. Albright, dénonce dans le New York Times les manœuvres du président ukrainien Leonid Kuchma pour se maintenir au pouvoir. À l’avance, elle met en doute la sincérité du scrutin présidentiel à venir en octobre prochain et menace l’Ukraine de sanctions. Cet avertissement n’est pas sans rappeler celui adressé à Edouard Chevardnadze avant son renversement en Géorgie. Précisons que l’institut de Mme Albright et la Charles Stewart Mott Foundation financent le Comité des électeurs d’Ukraine, le Civil Society Institute etc. qui pourraient fournir une base logistique pour un changement de régime en douceur.

L’économiste Guy Millière transmet aux lecteurs du Figaro la bonne parole de Daniel Pipes dont il est le traducteur français. Reprenant les théories du propagandiste états-unien, il stigmatise le spectre de l’islam militant, successeur du fascisme et du communisme et il brocarde les pacifistes d’hier et d’aujourd’hui, incapables de défendre « l’Occident ». Ce terme est d’autant mieux choisi qu’il appartient au vocabulaire de la Guerre froide. Il désignait alors le camp atlantiste résistant au péril rouge. Le voici recyclé pour désigner encore le camp états-unien, mais cette fois face au terrorisme vert. Mais au passage, les contours de cet « Occident » ont été redéfinis : il englobe désormais l’Europe centrale et orientale « libérée » du bolchevisme, et il identifie la diaspora juive à Israël après l’échec de la révolution russe.
Heureusement, les néo-conservateurs ont aussi de bonnes nouvelles. Pour Max Boot, dans The Age, la promulgation de la Constitution provisoire irakienne montre que le pays est sur la bonne voie et a su écarter les principaux obstacles à l’installation d’une démocratie. Cette autosatisfaction tient de la méthode Coué dans la mesure où la dite constitution n’est en fait qu’un règlement intérieur du Conseil provisoire de gouvernement nommé par la Coalition. Non seulement, elle n’a pas été approuvée par le peuple irakien tandis que les élections législatives ont été reportées à une date indéterminée, mais elle posera un grave problème à une assemblée constituante, s’il devait y en avoir une par la suite.

Les ministres de l’Éducation de Gambie, de Guinée, du Niger, du Nigeria et du Pakistan soulignent dans l’International Herald Tribune que les engagements des pays donateurs en faveur de l’Éducation des enfants des pays en voie de développement n’ont pas été tenus alors même que les États concernés ont réalisé les réformes que l’on exigeait d’eux au préalable. 150 millions d’enfants ne pourront donc pas terminer leur premier cycle scolaire.

L’ancien conseiller en désarmement démocrate, Richard L. Garwin applaudit dans le Los Angeles Times la décision de l’administration Bush concernant les mines : désormais ces mines seront pourvus d’un système d’autodestruction afin de les empêcher de faire des victimes bien après la fin des conflits. On restera dubitatif devant un raisonnement qui veut nous convaincre que les États-Unis sont à la pointe du combat contre ces armes tout en réaffirmant que les mines anti-personnelles sont indispensables aux troupes états-uniennes et à la protection des populations civiles.

Enfin, la sœur d’une victime du 11 septembre et présidente d’une fondation patriotique, Debra Burlingame, se désolidarise des familles qui ont critiqué l’usage d’images des attentats dans les spots publicitaires du candidat George W. Bush. Elle leur renvoie la critique en les accusant dans le Wall Street Journal de faire campagne contre Bush.