Quand, à l’ONU, nous avons vu ce qui se passait en Haïti, le pays le plus pauvre de l’hémisphère ouest, nous avons instinctivement pensé que nous étions revenu à la situation de 1994. Il est vrai qu’il y a beaucoup de points communs avec les conditions de l’intervention des Nations unies dans ce pays mais, pour autant que nous puissions en juger, la situation aujourd’hui est encore pire qu’à l’époque car les armes ont proliféré et le trafic de drogue s’est développé.
Les Haïtiens sont frustrés et déçus par leurs dirigeants et par la communauté internationale. Il sera difficile de former un nouveau gouvernement dont les opposants et les partisans de Jean-Bertrand Aristide reconnaîtront la légitimité. Aujourd’hui, Haïti est incapable de se tirer d’affaire seule. À l’ère de la mondialisation, les risques associés à un vide du pouvoir sont trop grands pour laisser la situation dégénérer.
Pour aider ce pays, nous devons nous appuyer sur les expériences du passé. Aussi, les États et organisations internationales devront agir dans le même sens. Il faudra désarmer les individus violents et les réinsérer. Cela passe par une relance économique du pays et il faudra également un investissement sur le long terme qui remettra sur pieds les services publics haïtiens.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Ne pas faire les choses à moitié ! », par Kofi Annan, Le Figaro, 17 mars 2004.