Quand Donald Rumsfeld a été nommé secrétaire à la Défense, il a promis de rompre avec le passé et avec les approches de la Guerre froide et de l’ère Clinton. Sa doctrine, peu à peu dévoilée, loin d’avoir simplifié le planning militaire, l’a en réalité rendu plus complexe compte tenu des ambitions de l’administration Bush.
Cette doctrine repose sur le concept de « stratégie de défense 1-4-2-1 » : être capable de défendre totalement un pays (les États-Unis), de faire face aux menaces dans quatre régions en même temps (l’Europe, l’Asie du Nord Est, l’Extrême Orient, et le Moyen-Orient), d’avoir la possibilité de défaire les agressions dans deux régions simultanément et de gagner une guerre de façon décisive dans un pays « quand et où nous le voudrons ». Cette stratégie vise à ce que les États-Unis soient capables de mener quatre guerre en même temps, ce qui suppose de pouvoir le faire avec moins de troupes, mais qui disposeraient de meilleurs renseignements pour frapper l’ennemi.
Cette approche était censée réduire le nombre de plans de guerre en s’appuyant sur l’exemple afghan, transposable partout, mais cela a conduit en réalité à une multiplication des scénarios. Alors qu’elle ambitionnait de rompre avec l’époque de la Guerre froide, cette approche garde de nombreux points communs avec cette période. Toutefois, depuis le 11 septembre, on assiste à des modifications. Ainsi, le Pentagone a rédigé le « OPLAN 2525 », prévoyant la prise de contrôle du pays par les militaires états-uniens en cas de chute des autorités civiles après une attaque terroriste massive. En outre, les plans ont mis fin à la ségrégation entre les frappes conventionnelles et les frappes nucléaires dans les plans de guerre. La CIA est également directement intégrée à ces scénarios.
Cette approche laisse envisager de nouvelles augmentations du budget militaire. Elle ne met l’accent que sur le triomphe militaire, pas sur le maintien de la paix qui s’en suivrait.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« War Plans Meaner, Not Leaner », par William M. Arkin, Los Angeles Times, 21 mars 2004.