La conseillère nationale de sécurité, Condoleezza Rice, monte au créneau après la publication du brûlot de son ex-collaborateur Richard Clarke, Contre tous les ennemis. Dans ce livre, paru hier, l’ancien conseiller en matière d’anti-terrorisme à la Maison-Blanche affirme que l’administration Bush, obnubilée par l’Irak, a négligé le travail de l’administration Clinton face à Al Qaïda et a laissé perpétrer les attentats du 11 septembre. Démentant son témoignage, Mme Rice assure dans le Washington Post que le cabinet a fait son travail et indique qu’il n’avait pas été informé à l’avance des attentats.
Mansoor Ijaz vient à la rescousse, mais son intervention est mal coordonnée avec la précédente de sorte que son témoignage infirme les imputations de Condoleezza Rice. Si, dans le Washington Times, il met en cause -exemples à l’appui- la compétence de Richard Clarke, il indique au passage que celui-ci préconisait, dès 2000, une attaque dans les montagnes d’Afghanistan avec des Predator lanceurs de missiles. Or, Mme Rice, pour justifier de son inaction en 2001, prétendait dans sa tribune que ce type d’arme n’a été opérationnel qu’après le 11 septembre.
Le coordinateur des faucons, Frank J. Gaffney Jr, s’acharne quant à lui à discréditer le témoignage de Clarke en le réduisant à une simple manœuvre de campagne électorale. Dans le même quotidien, il observe que plusieurs leaders démocrates prennent avec précaution ces trop belles révélations. Cet argument a immédiatement été relayé par le service de communication de la Maison-Blanche qui souligne les liens amicaux unissant Clarke à un conseiller du candidat John Kerry.
En quelques heures, c’est une pluie de révélations qui s’abat sur Washington : chaque acteur donne sa version des faits. La Maison-Blanche veut absolument montrer qu’elle n’a jamais sous-estimé le danger Al Qaïda. Paradoxalement, cela conduit à établir qu’il existait bien des plans d’intervention en Afghanistan avant le 11 septembre, ce qui était toujours nié jusque-là.

Daniele Capezzone et Matteo Mecacci appellent à un remplacement de l’ONU par une Communauté des démocraties. Dans le Washington Times, ils relaient la rhétorique du département d’État qui tente d’organiser depuis trois ans l’ensemble de ses alliés et partenaires dans une nouvelle organisation intergouvernementale. Tirant les leçons de leur alignement sur la politique US, le Parti radical italien, dont nos auteurs sont des dirigeants, vient de prendre le nom de « Parti Radical Libéral Européen pour les États Unis d’Europe et d’Amérique, pour l’Organisation Mondiale de la Démocratie et des Démocraties ».

Le gouverneur de Floride, Jeb Bush (frère de junior), plaide dans le Washington Post pour une aide militaire et économique à Haïti, telle que votée par le Congrès l’année dernière. Le point de vue est plaisant : la famille Bush a fait renverser par deux fois Jean-Bertrand Aristide. En utilisant des mercenaires, en 1991, et en provoquant le chaos économique, en 2003. Tous les crédits à Haïti furent coupés pour sanctionner un peuple qui avait « mal choisi » son président. Ils doivent être rétablis, maintenant qu’un protégé des Bush, Gérard Latortue a succédé de facto à Aristide.
Vladimiro Roca, porte-parole d’un groupe d’opposants cubains, dénonce une fois de plus dans le New York Times le régime de Fidel Castro. Fils d’un héros de la révolution cubaine, Roca, qui a changé de bord, est aujourd’hui qualifié par ses propres amis états-uniens de « mercenaire ». Il anime une campagne internationale visant à préparer l’opinion publique à une action militaire imminente contre son pays.

Le commissaire européen à l’élargissement, Günter Verheugen a présenté l’agenda de l’élargissement à la conférence des Premiers ministres à Bratislava. The Independent reproduit des extraits de son discours. Il y développe la notion de bon voisinage qui permet d’écarter le spectre d’une extension sans limites.
Anas Altikriti, président de l’Association des musulmans britanniques, déplore dans le Guardian les ambiguïtés de l’Union européenne face au Hamas. Si la France et le Royaume-Uni ont condamné l’assassinat de Cheikh Yassine par Israël, le même Royaume-Uni avait fait inscrire le Hamas sur la liste européenne des organisations terroristes. Or, on ne peut à la fois donner à Sharon le permis de tuer et feindre de s’indigner lorsqu’il en fait usage.

Enfin, le président du Crif, une fédération d’associations juives française, se défend dans Libération des accusations de censure dont il fait l’objet depuis son intervention pour faire interdire une conférence de Leïla Shahid, la déléguée générale de Palestine. Roger Cukierman indique qu’il n’entend pas limiter le débat public, mais qu’il lui paraissait inopportun de laisser la représentante d’une autorité en guerre prendre la parole devant des élèves du secondaire. Sa prestation aurait été susceptible de raviver les tensions entre élèves juifs et musulmans. Le Crif a identiquement défendu, dans « l’affaire du voile », le principe de sanctuarisation de l’école. Reste à vérifier que cette organisation politique et ses membres s’interdiront à eux-mêmes toute entrée dans les écoles.