L’un des premiers actes officiels de l’administration Bush fut de rétrograder à un échelon inférieur le poste de coordinateur national pour le contre-terrorisme, poste détenu par Richard Clarke et dont le titulaire, sous Bill Clinton, assistait aux réunions les plus importantes sur les questions de sécurité nationale. Sous George W. Bush, il ne pouvait plus qu’adresser ses mémos à Condoleezza Rice ou à son assistant.
Richard Clarke affirme dans son livre Against All Ennemies que quand on lui a demandé ce qu’il fallait faire à propos d’Al Qaïda, elle avait l’air d’entendre ce mot pour la première fois. La controverse née des déclarations de Clarke à la Commission d’enquête sur le 11 septembre, où il affirmait que Bush avait ignoré les avertissements concernant les risques d’attentats sur le territoire, a entraîné une grande offensive de la Maison-Blanche contre lui. Il lui a été imputé des motivations personnelles et partisanes et on l’a présenté comme un chercheur d’emploi aigri et ignorant.
Clarke avait pourtant une excellente réputation dans l’administration Clinton. Aujourd’hui, il n’est pas le seul à prétendre que l’administration Bush ne s’est pas préoccupé du terrorisme avant le 11 septembre. Le général Donald Kerrick a eu la même impression lors de la transition entre les deux administrations. Rice a beau affirmer que la Maison-Blanche était concentrée sur la question du terrorisme, ce n’est pas l’image que donne Bob Woodward dans son ivre Bush at War. Jamie Gorelick, le seul membre de la commission du 11 septembre à avoir lu les bulletins présidentiels quotidiens révèle que les avertissements contre un attentat aux États-Unis duraient en réalité depuis des mois.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Bush’s brand new enemy is the truth », par Sidney Blumenthal, The Guardian, 25 mars 2004.