Quand des pays comme l’Afghanistan et l’Irak sont libérés d’une dictature ou quand des régimes, comme celui de l’URSS, implosent, on assiste à un fort accroissement des comportements antisociaux : crimes, consommation de drogues, sida, alcoolisme, abandon des enfants, etc. Les États-Unis et leurs alliés ont tendance à considérer que c’est le prix à payer pour l’apprentissage de la liberté et à négliger le côté sombre des débuts de la démocratisation. Malheureusement, ces troubles sont si importants que certains citoyens en viennent à regretter l’ordre qui existait sous la tyrannie.
La Russie est un bon exemple de cette tendance avec une explosion du nombre de crimes, de toxicomanes ou de suicides en dix ans et l’Afghanistan et l’Irak suivent la même voie. Pourtant, les pays occidentaux se contentent, face à cette situation, d’accroître les forces de police. Il est vrai qu’elles doivent jouer un rôle, mais il faut surtout reconstruire un ordre qui refreine les comportements déviants et antisociaux.
Avec le temps, les sociétés libérés peuvent intégrer de nouveaux codes moraux et méthode de contrôle social, mais sur le court terme, il faut construire cet ordre sur ce qui est déjà en place. Il faut donc nous appuyer sur les musulmans modérés, ce que les réformateurs iraniens appellent « la société civile religieuse ». Nous ne devons pas tenter d’imposer la séparation de l’Église et de l’État. Il faut s’appuyer sur les institutions religieuses et tribales dans un premier temps, puis les évolutions liées au développement économique feront changer les choses d’elles-mêmes.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Religious civil society is antidote to anarchy in Iraq and Afghanistan », par Amitai Etzioni, Christian Science Monitior, 1er avril 2004.