Il y a dix ans, nous avons négocié pendant trois semaines dans une base de l’Ohio et malgré les difficultés, nous avons obtenu un accord à Dayton sur la Bosnie. La vraie question n’est pas de savoir comment nous y sommes parvenus, mais pourquoi un tel accord n’a pas eu lieu avant. En 1995, Washington réalise qu’un accord est nécessaire et c’est ce qui rend cet accord possible. Certes, l’action militaire de l’automne a pesé, mais c’est surtout l’engagement politique qui a été décisif.
Aujourd’hui, nous avons du recul sur Dayton et nous voyons que le processus amorcé il y a dix ans est le modèle sur lequel se fonde la reconstruction des États après-guerre. Aujourd’hui, le pays est pacifié et un million de personnes déplacées sont rentrées chez elles. Mais il est nécessaire de continuer les efforts. En quittant Sarajevo, j’avais insisté pour que les efforts économiques soient entrepris. Or, la Bosnie n’est pas encore parvenue à intégrer le partenariat pour la paix de l’OTAN et l’OMC. Le chômage est supérieur à 40 %. Aujourd’hui, la Croatie négocie son adhésion à l’Union européenne, la Serbie intégrera rapidement l’UE une fois le problème kosovar réglé. La Bosnie doit se réveiller.
Dayton fut un succès mais le jury attend toujours de se prononcer sur la Bosnie.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).

« 10 years after Dayton I : Bosnia still has a way to go », par Carl Bildt, International Herald Tribune, 21 novembre 2005.