Nous n’avions pas besoin des attentats de Madrid pour reconnaître le caractère barbare du terrorisme ou pour savoir qu’Al Qaïda considérait l’Europe comme une cible « légitime ». Des citoyens européens ont déjà péri à New York, Bali, Casablanca, Istanbul et à d’autres endroits. L’Europe y a répondu en gelant les avoirs des terroristes. La sécurité aérienne et maritime a été renforcée tout comme les politiques d’immigration et d’attribution des visas. Des cellules terroristes ont été démantelées partout en Europe et des attentats évités.
Madrid a cependant détruit nos illusions sur la sécurité en Europe et nous savons que faire sauter des trains espagnols ne va pas calmer l’appétit d’Al Qaïda dans sa volonté de commettre des attentats pour détruire la démocratie en Occident. Certains commentateurs états-uniens ont décrit le 11 mars comme un test pour la résolution européenne à maintenir ses troupes en Irak, mais il ne s’agit pas du vrai test. Pour savoir quel est le vrai test posé par Al Qaïda il faut analyser ses motivations.
Or son objectif est de détruire les démocraties libérales et les libertés fondamentales donc le vrai test de l’Europe sera de combattre le terrorisme tout en protégeant précisément les valeurs universelles et les libertés fondamentales. Il faut développer le dialogue avec le monde musulman et tenter de résoudre le conflit israélo-arabe. Nous promettons à ceux qui craignent à la fois le terrorisme et la riposte européenne que nous préserverons nos valeurs.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Europe Meets Terror Head-On », par Bernard Bot, Los Angeles Times, 2 avril 2004.