John Kerry sera peut-être la réponse aux prières européennes et japonaises concernant le réchauffement global, mais contrairement aux attentes internationales, le président Kerry ne devrait pas ratifier le protocole de Kyoto. Certes Kerry a le bilan le plus vert de tout le Sénat états-unien, il a présenté le refus de signer le protocole de Kyoto de George W. Bush comme une nouvelle preuve de son unilatéralisme et il s’est engagé à reprendre les négociations internationales sur cette question, mais rien de cela ne signifie que Kyoto sera ratifié par les États-Unis s’il était élu.
Il faut tout d’abord noter que, vu leur niveau d’émission de gaz à effet de serre, les États-Unis ne pourraient pas atteindre les niveaux requis en 2012 prévus par Kyoto. En outre, le Sénat n’accepterait jamais ce traité en l’État et la majorité des deux tiers requise pour la ratification d’un traité est inatteignable. On notera qu’un projet allant beaucoup moins loin que Kyoto, présenté par Joseph Lieberman et John McCain, visant à réduire les émissions de gaz n’a pas réunit de majorité. En outre, la Chambre des représentants serait encore plus difficile à convaincre pour faire passer les lois permettant l’application de ce traité. Kerry lui-même a affirmé qu’il présenterait au Congrès des « alternatives à Kyoto » permettant de dégager un consensus national sur la question.
Dans ces conditions, l’Europe et le Japon doivent continuer à diminuer leurs propres émissions de gaz, convaincre la Russie d’adhérer au protocole pour le rendre effectif et adopter une politique incitative pour le marché afin de convaincre les entreprises états-uniennes du bien-fondé de cette politique. Il faut qu’ils fassent pression sur les États-Unis pour que ce pays adopte des lois limitant l’usage de gaz à effet de serre (les lois intérieures sont mieux acceptées par le Congrès) et qu’il investisse dans le financement des énergies propres.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Europe and Japan misread Kerry on Kyoto », par Nigel Purvis, International Herald Tribune, 5 avril 2004.