Dans son édition du jeudi 15 décembre 2005, The Times, quotidien conservateur du groupe Rupert Murdoch au Royaume-Uni, n’hésite pas à comparer à deux reprises les taux de participation aux élections de l’Irak et des « démocraties de l’Ouest », affirmant que « plus de 70 % des Irakiens vont probablement voter lors des élections nationales – un taux plus élevé que dans la plupart des démocraties de l’Ouest ».
Une nouvelle farce électorale doit en effet se tenir aujourd’hui en Irak dans un contexte chaotique, alors que la situation s’est globalement aggravée depuis les précédentes « élections » qui avaient fait l’objet d’une série d’éditions spéciales dans nos colonnes.

N’ayant pas peur de se contredire, l’auteur admet cependant, plus loin dans le même article, que « […] les candidats et les électeurs ont participé à leur première expérience démocratique en s’exposant à des menaces de mort et des attentats suicides. […] Les cyniques ont dénoncé le processus comme voué à l’échec car la violence aurait rendu le déroulement de la campagne impossible », sans même juger nécessaire de mentionner qu’en outre, le pays est sous occupation d’une coalition étrangère et donc privé de sa souveraineté.

Plus loin, un article de l’envoyé spécial à Falloudja affirme, sur un ton qui tient davantage du roman d’action que du journalisme de guerre, que « Même à Falloudja, les votes défient les balles ». Le « Times » fait-il lui-même preuve de cynisme en mentionnant cette ville qui fut quasiment rasée par des bombardements massifs états-uniens l’année passée ? Quoi qu’il en soit, on constate une fois de plus que le simulacre de processus démocratique en Irak sert surtout d’opération de communication pour le Pentagone.