Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Bon après-midi, mesdames et messieurs. Merci de votre présence à la conférence de presse cet après-midi. Je me félicite de pouvoir vous dire qu’aujourd’hui j’ai nommé l’ancien Président des États-Unis George Herbert Walker Bush Envoyé spécial pour la catastrophe entraînée par le tremblement de terre en Asie du Sud.

L’ancien Président Bush va diriger l’effort global du système des Nations Unies à la suite du séisme dévastateur qui a frappé l’Asie du Sud. Il oeuvrera pour mobiliser et pour rendre durable la volonté politique de la communauté internationale ; pour veiller à ce que l’on honore les engagements pris et que les annonces de contributions soient suivies d’effets sous forme de décaissements d’argent liquide, pour que les travaux de secours et de reconstruction, ainsi que les activités d’urgence, puissent se poursuivre.

Je vous sais gré, Monsieur le Président, d’avoir accepté cette tâche. Vous apportez à cette tâche toutes vos qualités de leadership, vos compétences diplomatiques, votre immense expérience – y compris bien sûr les efforts que vous avez faits aux côtés de l’ancien Président Clinton pour aider les victimes des États-Unis à la suite du cyclone Katrina, ainsi qu’à la suite de la crise entraînée par le tsunami dans l’Océan Indien. Comme vous le savez, le Président Clinton travaille pour nous depuis un certain temps : il est chargé d’une mission pour faire des évaluations dans les pays touchés par le tsunami.

Le Président Bush oeuvrera avec le Gouvernement du Pakistan. Le Pakistan se félicite vivement de la nomination de M. Bush, qui va travailler avec le Gouvernement du Pakistan, pays qui a subi les pires conséquences des dégâts causés par le tremblement de terre. Il travaillera donc pour assurer la coordination avec tous les membres de la communauté internationale, y compris les organismes de développement des Nations Unies, les organisations régionales, les institutions multilatérales telles que la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, de même que les ONG. Et une partie du travail de M. Bush sera de veiller à ce que les engagements de la communauté internationale soient durables et soutenus.

Le Pakistan a véritablement besoin d’aide à la suite de cette catastrophe sans précédent, à long terme mais aussi dans l’immédiat. Tout retard de financement entraîne de graves risques pour des milliers de personnes blessées, affamées et sans abri. Bien sûr, la tâche immense de reconstruction signifie que nous devons tous travailler ensemble à plus long terme. Encore une fois, je remercie l’ex-Président Bush d’avoir accepté de relever ce défi. C’est une mission importante et nous vous en sommes tous reconnaissants.

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Je suis très fier d’accepter cette nomination du Secrétaire général. Je suis heureux de travailler pour lui dans le contexte dans cette cause noble. J’étais vraiment très endeuillé par cette tragédie au Pakistan et je voudrais veiller à ce que l’équipe de l’ONU qui travaille dans le contexte de la reconstruction poursuive son action. En ce qui me concerne, je n’aurai pas à perfectionner cette équipe ; elle fait un bon travail ; il ne faut pas que quelqu’un s’entende dire par moi comment l’argent doit être dépensé. Comme l’a dit le Secrétaire général, ma tâche consistera à veiller à ce que ces promesses de contribution très généreuses se concrétisent pour aider ces personnes qui souffrent de conditions météorologiques et climatiques très rudes. J’ai beaucoup de respect pour le Président et le Premier Ministre du Pakistan et je serai bien accueilli au Pakistan en tant qu’Envoyé du Secrétaire général et je me félicite de pouvoir faire ce travail.

Question (interprétation de l’anglais) : Nous vous souhaitons la bienvenue, au nom des correspondants de l’ONU. Après l’impressionnante réaction au tsunami, et étant donné les retards dans la mobilisation des fonds pour le Pakistan, est-il nécessaire qu’une personnalité comme vous intervienne pour que ces contributions soient versées ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : J’ignore si mon statut va faire une telle différence. J’ignore s’il s’agit de lassitude de la part des donateurs. J’ai travaillé avec le Président Clinton après le passage de l’ouragan Katrina. Nous avions encouragé les organisations non gouvernementales à verser des contributions pécuniaires importantes. Elles l’ont fait. Pour le tsunami, 30 milliards de dollars ont été annoncés. Pour Katrina, nous avons pu mobiliser 109 milliards, je crois, environ. L’autre jour, Bill Clinton et moi-même avons annoncé comment ces fonds seraient décaissés. Mais ici, il s’agit d’une mission différente. Des promesses ont été faites : 5,8 milliards avaient été promis, alors que le Secrétaire général ne s’attendait qu’à 5,2 milliards. Ce qui a été promis est donc très généreux, mais il faut que cela s’accompagne d’une aide qui permette aux populations de survivre durant cette année. Le travail est donc différent.

Nous avons parlé de la lassitude des bailleurs de fonds. Il faut donner plus de visibilité à cet effort. Je préfère cependant attendre ma visite et mon entretien avec le Président pakistanais avant de me prononcer.

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Le Président est très modeste. Comme je l’ai dit, des promesses ont été faites. On a besoin d’argent. Il faut que ces promesses deviennent des contributions financières concrètes le plus rapidement possible. Vu le respect dont il bénéficie dans le monde, son intervention sera très utile.

Question (interprétation de l’anglais) : Je suis d’accord avec le Secrétaire général, vous êtes très modeste. Bien sûr, votre statut mettra en lumière les besoins d’aide du Pakistan. La question que je vous pose, c’est quand avez-vous l’intention de vous rendre au Pakistan ? Allez-vous organiser une autre conférence de donateurs pour qu’il y ait des décaissements d’argent liquide, pour que l’argent soit versé et pour que les engagements soient honorés ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : C’est encore trop tôt pour me prononcer, mais je vais encourager les uns et les autres à tenir leurs promesses. On peut commencer à n’importe quel moment. Après les périodes des fêtes, nous démarrerons au quart de tour. Je vais certainement aller au Pakistan. Le plus important pour moi sera de parler aux dirigeants pakistanais, mais aussi de voir de mes propres yeux ce que l’équipe de l’ONU a déjà vu, notamment M. Browne. Si on peut se rendre sur place, si on voit les choses de ses propres yeux, on a une meilleure idée de ce qu’il faut faire ensuite. Certains ont déjà dit qu’ils allaient donner. Cela pourra commencer presque immédiatement. Je suis marié à la même femme depuis 61 ans et donc il vaut mieux que je commence la visite après le 1er jour de l’an afin de pouvoir passer les fêtes en famille.

Question (interprétation de l’anglais) : Quand pensez-vous vous rendre au Pakistan ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Début janvier, si les dirigeants pakistanais le veulent bien.

Question (interprétation de l’anglais) : Allez-vous vous rendre au Pakistan avec votre épouse ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : C’est possible. J’ai dit au Secrétaire général que je l’ai vue plus enthousiaste à propos de différentes missions que j’ai entreprises non pas sur le plan de la compassion, car elle en a autant que moi, mais pour les voyages, car elle ne voyage pas autant que moi. Mais elle savait que je venais à New York pour accepter cette offre très généreuse du Secrétaire général.

Question (interprétation de l’anglais) : Une partie du problème, c’est que le montant versé à l’ONU pour l’assistance humanitaire était en deçà des attentes. Pensez-vous qu’il y a encore d’autres sources non utilisées, par exemple, le secteur privé ? Vous pourriez peut-être recueillir davantage de fonds pour les efforts de secours dans les situations d’urgence plutôt que pour le relèvement à long terme ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Je crois qu’il y a déjà un effort de la part du secteur privé aux États-Unis, avec 5 dirigeants d’entreprises qui se sont concertés pour obtenir plusieurs millions de dollars. Notre expérience acquise avec le tsunami, c’est qu’on peut toujours utiliser davantage de fonds. Ces catastrophes sont tellement énormes. On a toujours besoin d’argent, mais le Gouvernement des États-Unis a été assez volontariste. D’autres pays du Moyen-Orient, où je vais me rendre, ont fait de grandes annonces de contributions. L’argent existe. Vous vouliez au départ 5,2 milliards ? Il y a eu 5,8 milliards d’annonces de contribution. Si on pouvait obtenir tout cet argent pour soulager les souffrances humaines et ensuite pour les travaux de reconstruction, c’est une énorme somme.

Question (interprétation de l’anglais) : Pour ce qui est de la partie secours d’urgence du projet, j’espère qu’il pourra prendre contact avec cinq personnes qui recueillent des fonds dans le cadre des efforts de secours d’urgence au Pakistan. Bien sûr, il faudra insister auprès du Gouvernement pour veiller à ce que l’argent nécessaire à une action immédiate soit mis à la disposition, en plus des activités de relèvement et de reconstruction. Il faut des fonds immédiats pour les secours. Allez-vous vous efforcer de faire en sorte que les engagements se concrétisent ou allez-vous rechercher des sources nouvelles ? Car une grande partie de l’argent annoncée est sous forme de prêts, et en fin de compte, le Pakistan devra rembourser ces prêts. Le séisme a déjà durement frappé l’économie pakistanaise.

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Ils ont obtenu les annonces de contribution sous forme de prêts. Cela permet de les transformer en ressources immédiatement disponibles pour les Pakistanais. Cela pourrait être des prêts à des conditions de faveur ou assortis d’autres modalités. Mais je serai orienté par le Secrétaire général et ses collaborateurs, qui connaissent mieux la question que moi. Mais d’après moi, j’aurai la marge de manœuvre nécessaire pour essayer d’avoir des modalités plus favorables pour le Pakistan.

Question (interprétation de l’anglais) : L’appel d’urgence lancé par l’ONU a un manque à recevoir de 40%. Sur les 550 millions nécessaires, le montant total des annonces de contribution s’élève à 226 millions. Quelles sont les mesures concrètes que vous avez à l’esprit pour essayer de générer davantage de contributions et de dons ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Lorsque j’étais Président, les gens disaient qu’un président qui disait trop souvent « Je ne sais pas », devait être vraiment bête. Mais je ne connais pas la réponse à votre question. Honnêtement, je n’en sais rien.

Question (interprétation de l’anglais) : Maintenant qu’il y a un ancien Président démocrate et un ancien Président républicain, il y a une pénurie d’anciens présidents, mais il n’y a pas de pénurie de catastrophes. Pourrait-on transformer cela en dispositif plus permanent pour que les anciens présidents agissent davantage dans d’autres domaines également ou est-ce que c’est uniquement pour les deux catastrophes et on s’arrêtera là ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Nous nous tournerons vers vous pour la prochaine fois. Harry Truman a écrit un livre intitulé « Que faire des anciens présidents ? », un livre épouvantable. Il proposait que les anciens présidents deviennent membres du Congrès à vie, sans droit de vote mais habilités à participer à des réunions. Cela ne m’intéresse pas. Je ne souhaite pas que ce dispositif devienne permanent. J’ai 81 ans. C’est une mission tout à fait particulière que je viens de me voir confier. Le Secrétaire général est très convaincant et donc, je ne pense pas que cela sera institutionnalisé. Je me félicite d’avoir pu travailler avec le Président Clinton pour le tsunami et pour Katrina.

Le Secrétaire général (interprétatioion de l’anglais) : Chaque crise est sui generis et unique en son genre, et il faut se concentrer sur différentes catastrophes. Le Président Clinton se concentre sur les pays frappés par le tsunami. Le Président Bush se concentrera sur les pays touchés par le tremblement de terre en Asie du Sud-Est, et pour d’autres grandes crises, il faudra également trouver des personnalités qui nous aideront à mobiliser l’attention sur ces situations.

Question (interprétation de l’anglais) : Est-ce que vous avez demandé l’avis du Président Clinton avant d’accepter ce nouveau poste ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Je lui ai parlé en raison de ce qu’il fait pour l’ONU et pour le tsunami, où nous avons travaillé ensemble pour veiller à ce qu’il y ait une bonne utilisation des fonds réunis. Il m’a encouragé à accepter ce poste. Je lui en ai parlé mais son rôle, d’après moi, est assez différent. Lui, il regarde où va l’argent, il a un contact plus direct avec les décaissements, alors que moi, je vais utiliser l’équipe de l’ONU déployée sur le terrain. Je ne peux pas passer tout mon temps là-bas, je ne veux pas leur dire : « Mettez les tentes ici, mettez les bulldozers là-bas », je ne peux pas faire cela.

Question (interprétation de l’anglais) : Comment pourriez-vous décrire la portée de votre rôle en tant qu’Envoyé spécial ? Est-ce un travail à temps partiel ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Il faudra voir. Cela a été présenté comme un emploi à plein temps. Non, ce n’est pas à plein temps, mais cela va beaucoup m’intéresser. Je vais parler au Président Musharraf et je vais voir les enfants, les victimes, les sinistrés. C’est très touchant, très émouvant, et donc je vais faire ce que je dois faire pour que ça réussisse. Comment mesurer le succès ? Je ne pense pas que cela soit possible dans un tel cas de figure, mais moi je saurai si j’ai fait du bon travail ou pas.

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : C’est un plaisir que le Président Bush vienne ici nous dire : « Je ne sais pas ». C’est une réponse qu’on n’entend pas souvent. C’est une leçon pour nous tous.

Question (interprétation de l’anglais) : Vous étiez Représentant permanent à l’ONU il y a 20 ans. Est-ce intéressant, inhabituel pour vous d’être à nouveau ici ? Est-ce que cela suscite des idées, des souvenirs, des conseils pour votre successeur ici dans cette salle ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Non, je n’ai pas de conseils à donner, mais j’ai de bons souvenirs. J’ai passé deux bonnes années ici au début des années 70. J’ai beaucoup appris en écoutant les autres pays avec lesquels j’ai travaillé, avec le Secrétaire général. Et j’ai de très bons souvenirs de la période que j’ai passée ici. Je me souviens que je promenais dans les couloirs pour aller dans une salle de conférence, que j’ai rencontré le Secrétaire général pour discuter de questions. Donc, cette brève visite a réveillé de bons souvenirs.

Question (interprétation de l’anglais) : Je sais que vous ferez un excellent travail pour mobiliser les fonds dont le Pakistan a besoin. Mais l’ONU souffre également d’une crise budgétaire. Avez vous des commentaires.

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Non, je n’ai pas de réflexions à ce propos. Quelqu’un d’autre, l’Ambassadeur John Bolton en parlera. Il a ma confiance et, ce qui est plus important encore, la confiance du Président. je m’en remets à lui. Mais je sais que notre pays souhaite être aussi généreux que possible en ce qui concerne l’aide financière accordée au Pakistan, et également en ce qui concerne la contribution en hélicoptères pour sauver des vies. Je suis très fier de mon pays, et de l’équipe des Nations Unies également sur le terrain.

Question (interprétation de l’anglais) : Vous avez parlé du Président Musharraf. Avez-vous déjà parlé au Président Musharraf depuis votre nomination ? Le ferez-vous prochainement ?

M. Bush (interprétation de l’anglais) : Oui, j’en suis sûr. Je ne veux pas le déranger maintenant, mais je voudrais lui demander la permission de le rencontrer au début de l’année prochaine, et on m’a dit qu’il accueillera favorablement ma demande. Je le ferai donc prochainement. Je n’ai pas voulu le faire. Je craignais que le Secrétaire général ne change d’avis et ne me fasse pas travailler.

Le Secrétaire général : J’ai parlé au Président Musharraf hier. Il s’est félicité de cette nomination et se félicite de pouvoir travailler avec le Président Bush.

Réf : SG/SM/10268