Le prince Hassan bin Talal de Jordanie déplore dans le Globe and Mail les politiques d’affrontement conduites par Washington et Tel Aviv. Il dénonce la fabrication artificielle d’un « clash des civilisations », c’est-à-dire d’une Troisième Guerre mondiale qui a déjà commencé en Palestine et en Irak.
À ce propos, le colonel Andrew J. Bacevich, retraité de l’US Army, corrige dans le Los Angeles Times la formule du sénateur Edward Kennedy, selon laquelle l’Irak serait le Vietnam de Bush. En réalité, l’Irak n’est pas une jungle, mais un pays à forte concentration urbaine. Ce qui se joue là est plutôt comparable avec la bataille d’Alger. Comme on le sait, les Français y inventèrent les méthodes modernes de contre-insurrection. Ils gagnèrent sur le plan militaire, mais dressèrent la population définitivement contre eux, provoquant leur défaite politique. C’est la même leçon qui attend les États-Unis en Irak.

L’ancien conseiller de Bill Clinton, Sidney Blumenthal, note dans le Guardian que Condoleezza Rice est tenue de répondre aux questions de la Commission d’enquête sur le 11 septembre, mais qu’elle devrait en réalité rendre des comptes sur bien d’autres choses encore. Notamment sur son rôle dans le sabotage des plans de paix au Proche-Orient, y compris le processus de la Feuille de route. Selon lui, Mme Rice a montré à la fois son incompétence à résoudre les problèmes et sa subordination au clan néo-conservateur. Blumenthal ne détourne pas le sujet, c’est au contraire la commission qui fait diversion : le problème n’est pas de savoir si le 11 septembre aurait pu être évité, mais qui l’a provoqué et comment il a permis aux néo-conservateurs de prendre le pouvoir et d’étendre leur politique belliciste.

The Age donne la parole à Mark Latham, leader de l’opposition travailliste australienne, et à Robert Hill, ministre de la Défense, qui lui répond.
Pour Latham, les forces australiennes doivent servir à la défense nationale et non comme supplétifs des États-Unis, comme ce fut le cas hier au Vietnam et aujourd’hui en Irak. Le gouvernement Howard, qui a relayé les mensonges sur les armes de destruction massive, a abusé l’opinion pour engager le pays dans une guerre illégitime et contre-productive. Il faut retirer les troupes australiennes d’Irak.
Au contraire, Robert Hill considère que cet engagement fait partie de la guerre au terrorisme dans laquelle l’Australie est entrée malgré elle, lors de l’attentat de Bali. Et le ministre de dénoncer les concepts archaïques de la gauche incapable d’admettre la nécessité de la guerre préventive.

Par ailleurs, le ministre britannique de l’Intérieur, David Blunkett, défend sa politique d’immigration dans Gulf News. Il s’agit à l’évidence de persuader les riches lecteurs du Golfe que les récentes mesures de filtrage ne sont pas dirigées contre eux, mais visent à limiter l’afflux de réfugiés économiques du Commonwealth.

Enfin, Pierre Brana, qui fut rapporteur de la Mission d’information parlementaire sur le génocide rwandais, tire ses propres conclusions du drame dans Libération. Tout en minimisant la responsabilité française dans le massacre, il la laisse clairement apparaître. Cette attitude à la fois clairvoyante et prudente lui permet d’avancer quelques points. Tout d’abord, il relève que l’engagement français est le fruit d’un engrenage dans lequel l’opération Noroît joue un rôle central, alors qu’elle était illégale. Ensuite, il note que rien de cela n’aurait pu avoir lieu si les décisions avaient été transparentes, c’est-à-dire si elles avaient été soumises à une approbation et un contrôle parlementaires.