L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l’ONU ont agi de concert le 20 décembre pour créer la Commission de consolidation de la paix qui est destinée à aider les pays à effectuer la transition difficile de la guerre à la paix. La création de cette commission fait suite à la décision prise à ce sujet par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet mondial organisé à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Organisation des Nations unies.

La résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité et par consensus à l’Assemblée générale porte création de la Commission de consolidation de la paix, qui est un organe consultatif intergouvernemental chargé de « réunir tous les intéressés afin qu’ils mobilisent des ressources », de « proposer des stratégies intégrées aux fins de la consolidation de la paix et du relèvement après les conflits et de donner des avis en la matière. »

Composée de membres représentant 31 pays, elle a pour tâche « d’appeler l’attention sur les efforts de reconstruction et de renforcement des institutions nécessaires au relèvement au lendemain d’un conflit », « de favoriser l’élaboration de stratégies intégrées afin de jeter les bases d’un développement durable » et d’améliorer la coordination au sein de l’ONU et en dehors.

Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU, M. John Bolton, a déclaré que les États-Unis avaient voté en faveur de cette résolution tant au Conseil de sécurité qu’à l’Assemblée générale.

« Maintenant, a-t-il dit, il nous faut veiller à ce que la Commission de consolidation de la paix exécute bien ses fonctions pour contribuer de façon importante aux travaux du Conseil de sécurité visant à créer une paix durable à la suite de menaces directes contre la paix et la sécurité internationales. »

M. Bolton a fait remarquer qu’il y avait une différence entre l’adoption d’une résolution et son application. « La partie difficile commence maintenant, a-t-il dit, et nous sommes résolus à tenter de faire tout notre possible pour que cet organe consultatif soit utile pour le Conseil de sécurité. »

La tâche de l’ONU consistant à aider les pays à consolider la paix a pris de l’ampleur ces dernières années, alors que la complexité et l’importance des problèmes existant à la suite d’un conflit se sont accrues. L’ONU fournit une aide humanitaire liée à des projets de reconstruction et à des mesures de relèvement de moyenne durée et, dans certains pays tels qu’au Timor oriental et au Kosovo, elle a administré des territoires en attendant que des élections puissent être organisées. Toutefois, cette institution, et en particulier son Conseil de sécurité qui est chargé de promouvoir la paix et la sécurité dans le monde, manquait d’un organe capable de proposer des stratégies intégrées et de s’occuper de la coordination nécessaire pour aider les pays à se relever d’une guerre.

La nouvelle commission consacrera son attention à la reconstruction et au renforcement des institutions, à l’amélioration de la coordination au sein de l’ONU et avec d’autres organismes dans le cadre de l’aide à apporter, à l’obtention de moyens financiers durables et au maintien de la participation de la communauté internationale au relèvement du pays intéressé. Elle permettra aussi de tirer parti de la vaste expérience de l’ONU en matière de prévention des conflits, de médiation, de maintien de la paix, de droits de l’homme et de respect du droit.

Qualifiant la création de la commission « d’historique », le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a déclaré que cette mesure ne constituait cependant « qu’un début » et qu’elle n’était « pas une fin en soi ». « Il nous manquait, a-t-il dit, un cadre institutionnel pour réunir au sein d’une même structure les agents chargés du maintien de la paix et ceux impliqués dans la phase de redressement », ce que permettra la nouvelle commission.

Selon la résolution, les demandes d’avis soumises à la Commission de consolidation de la paix pourront émaner du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social, de l’Assemblée générale et d’États membres qui sont « sur le point de sombrer » dans un conflit ou d’y sombrer de nouveau.

La commission est dotée d’un comité d’organisation permanent composé de 7 membres du Conseil de sécurité, dont les 5 membres permanents (la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie), de 7 membres du Conseil économique et social, de 5 pays dont les contributions aux budgets de l’ONU (fonds, programmes et organismes des Nations unies) sont les plus importantes et de 5 pays figurant parmi ceux qui mettent le plus de militaires et de policiers à la disposition des missions de l’ONU. L’Assemblée élira aussi 7 membres supplémentaires en accordant une attention particulière aux États qui participent aux activités d’après-conflit.

Après l’adoption de la résolution, le président de l’Assemblée générale, M. Jan Eliasson, a déclaré à la presse que près de la moitié des conflits qui avaient eu lieu ces vingt dernières années avaient repris au bout des cinq années suivant la conclusion d’un accord de paix.

« Lorsque les caméras disparaissent, a-t-il dit, l’attention disparaît aussi, et cinq ans plus tard le prix à payer est très élevé. C’est ce que nous tentons d’éviter en remplissant ce vide institutionnel. » La nouvelle commission contribuera à mettre fin « aux conflits qui se déclenchent de nouveau tout simplement parce que le soutien nécessaire à la consolidation de la paix fait défaut. »