Samuel Huntington est un éminent chercheur qui se penche sur les importantes questions contemporaines. Récemment, il a traité de l’immigration mexicaine qu’il voit comme une division de son pays entre deux cultures et deux langues. Ces inquiétudes ne peuvent pas être dissipées car Huntington aime son pays comme moi je l’aime, et je n’aimerais pas le voir divisé.
Huntington pointe une succession de traits qui, selon lui, caractérisent l’immigration mexicaine et la rend différente des autres : la contiguïté du territoire d’origine, le niveau de cette migration, sa nature illégale, sa durée dans le temps et le fait que la plupart des immigrants sont concentrés dans ce qui a été autrefois des territoires mexicains. Huntington affirme que les immigrés pensent avoir un droit sur ces terres. On pourrait discuter ces éléments, mais penchons nous plutôt sur la conclusion : les Mexicains sont une minorité inassimilable qui restera une minorité ayant un statut de seconde classe.
Rien n’oblige qu’on en reste à cette fatalité, mais Huntington ne propose pas d’alternative. Pourtant, si les États-Unis font un effort pour construire un nouveau type d’assimilation en régularisant les Mexicains, en combattant les discriminations et en leur offrant plus de possibilités d’acquérir la nationalité états-unienne, on ne devrait pas arriver à ce résultat. Le Mexique, quant à lui, a déjà œuvré dans ce sens en autorisant la bi-nationalité.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Immigration reform would help warm Mexicans to US ’melting pot’ », par Jorge Castañeda, Christian Science Monitor, 9 avril 2004.