Dans une tribune publiée simultanément dans diverses revues et symboliquement sur le site Antiwar.com, Patrick J. Buchanan dénonce l’impasse dans laquelle George W. Bush a conduit les États-Unis. La situation actuelle ne peut durer en Irak, où plus de 1000 GI’s sont déjà morts. Désormais, c’est quitte ou double. Washington doit choisir : retirer ses troupes ou les augmenter massivement. Un choix stratégique absurde que l’on avait déjà rencontré avec l’erreur vietnamienne.
Côté démocrate, le sénateur Robert C. Byrd partage cette analyse dans le Washington Post. Il relève que l’Autorité de la Coalition est perçue par les Irakiens comme ils percevaient la dictature de Saddam Hussein. Les États-Unis n’auraient pas plus du s’engager dans cette guerre que dans celle du Vietnam, le Congrès ne l’a accepté que sur la basse de fausses informations.

The Age a donné successivement la parole à l’écrivain Chas Savage et au ministre du Commerce Mark Vaile, pour lui répondre. Le premier s’indigne de la pseudo aide australienne à la reconstruction de l’Irak. Camberra a envoyé 300 hommes, ce qui est dérisoire, et 140 millions de dollars, ce qui est aussi dérisoire. Mais en plus, cette aide financière d’urgence est conditionnelle et vise en réalité à contraindre les Irakiens à acheter des produits agricoles australiens. Placer un peuple dans une telle situation, c’est le racketter. Pas du tout, répond Mark Vaile : le gouvernement Howard a octroyé 55 milliards de dollars d’aide humanitaire et participe activement à la reconstruction. Et il n’a pas à s’excuser si, au passage, cette générosité a des conséquences favorables pour l’agriculture australienne.

L’ancien Premier ministre français, Michel Rocard, propose dans Le Figaro de concilier Realpolitik et défense des Droits de l’homme. Il faudrait pour cela établir une distinction entre les pays sur lesquels on peut exercer une pression efficace, et ceux qui sont assez puissants pour y résister. On devrait exiger des premiers qu’ils respectent les Droits de l’homme et admettre qu’on ne peut agir sur les seconds. Cependant, cette distinction équivaut à considérer différemment les droits des individus selon qu’ils sont ressortissants de pays plus ou moins puissants, et à n’adresser de reproches qu’aux États faibles. On pourrait aussi se demander si les pressions d’État à État en faveur des droits de l’homme ne sont pas devenues des armes diplomatiques et si l’instrumentalisation de ces drames est le meilleur moyen de les résoudre.

Le leader du Parti libéral britannique, Charles Kennedy, plaide dans le très conservateur Daily Telegraph pour l’organisation d’un référendum sur la Constitution européenne. Les libéraux souhaitent une constitution parce que c’est le seul moyen de redéfinir les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Les conservateurs sont également favorables à un référendum, mais pour faire échec au principe même d’une constitution. À l’inverse, les travaillistes sont opposés au référendum parce qu’ils ont peur d’être désapprouvés par le peuple. C’est pourtant au peuple et à lui seul que la décision appartient.

Brian Jones, ancien responsable des services de renseignement britanniques en matière d’armes chimiques et biologiques, revient dans The Independent sur l’alerte à la « bombe sale » au Royaume-Uni. Un complot islamiste aurait été déjoué alors qu’il allait utiliser une bombe au tétraoxide d’oxium. Il s’agit en fait d’une intox de plus du gouvernement Blair : ce produit n’est pas considéré comme particulièrement dangereux et ne permet pas de fabriquer ce que l’on désigne sous l’expression de « bombe sale ».

Enfin, Jorge Castañeda, proche du président mexicain Vincente Fox et candidat à sa succession, relativise dans le Christian Science Monitor les récents travaux de Samuel Huntington. Le propagandiste de la Guerre des civilisations prétend désormais qu’en plus du clash opposant le monde judéo-chrétien au monde arabo-musulman, les Etats-Unis vont devoir affronter une immigration non-assimilable, celle des hispaniques (qui sont pourtant judéo-chrétiens). Or, s’il existe des problèmes d’immigration, il ne tient qu’à la volonté politique de les résoudre. Pour sa part le Mexique a pris des mesures en ce sens, comme la reconnaissance de la double nationalité.