Quand la Commission sur le 11 septembre reprendra ses travaux mardi, il sera intéressant de voir comment est traité ce qui est peut-être le plus grave échec de nos services de sécurité : l’évacuation de 140 Saoudiens immédiatement après le 11 septembre. 15 des 19 pirates de l’air étaient Saoudiens, les analystes savent qu’une partie du financement d’Al Qaïda vient du royaume et Ben Laden lui-même est Saoudien. Dans une enquête criminelle, la routine veut qu’on interroge la famille et les amis du principal suspect. L’une des priorités de l’enquête aurait donc dû être d’interroger les Saoudiens ayant des liens avec Ben Laden ou ayant été susceptibles de le financer, consciemment ou non. Cela aurait dû être facile puisque l’espace aérien états-unien était virtuellement bloqué et que personne ne pouvait quitter le territoire. Pourtant, cela n’a pas empêché l’ambassade saoudienne d’organiser une évacuation massive de ses ressortissants.
Deux douzaines des personnes évacuées étaient membres de la famille d’Oussama Ben Laden. Cette évacuation n’a pu avoir lieu qu’avec l’accord de la Maison-Blanche. Celle-ci, comme le FBI et la Federal Aviation Administration, nie que cet avion ait existé, mais j’ai obtenu les témoignages contraires d’agents de sécurité ayant aidé ce vol à quitter le territoire et j’ai réussi à dresser la liste des passagers ici : http://www.houseofbush.com/files.php
Dans cette liste, on trouve le prince Ahmed Salman que Gerald Posner présente comme un homme lié à Al Qaïda dans son livre Why America Slept. La Commission devrait demander au directeur du FBI Robert Mueller et à John Ashcroft pourquoi un tel homme a pu quitter le pays et si le président a joué un rôle dans cette histoire du fait des investissements saoudiens dans les compagnies où George W. Bush et ses alliés ont des intérêts.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« After 9/11 : the Saudis Who Slipped Away », par Craig Unger, Los Angeles Times, 11 avril 2004.