L’attaque qui a frappé Ariel Sharon a plongé la politique israélienne dans la plus grande agitation. Le Premier ministre sortant était en effet annoncé comme le grand vainqueur des prochaines élections à la tête de son nouveau parti, Kadima. C’était Sharon qui rendait ce parti populaire en séduisant à droite par son nationalisme et à gauche par sa conversion à une stratégie de sécurité incluant le retrait de Gaza. Sharon était le candidat centriste parfait, à mi-chemin entre la colombe et le faucon.
Pourtant, son départ ne signifie pas que Kadima ne va pas gagner les élections. Le parti perdra des électeurs sans Sharon, mais il en gagnera à cause de la sympathie que le sort de Sharon inspire. En outre, ce parti reste dirigé par un impressionnant triumvirat : Ehud Olmert, Shimon Peres et Shaul Mofaz. Les arbitrages entre les trois hommes seront difficiles sans Sharon, mais ils peuvent mener Kadima à la victoire. En outre, leurs adversaires sont dans des positions trop extrémistes pour obtenir l’adhésion de l’électorat centriste. Les travaillistes devraient arriver en deuxième position et s’allier avec Kadima. Netanyahu devra conserver une position très à droite pour asseoir sa domination sur le Likoud et pourra revenir au centre une fois sa position stabilisée, mais pas à cours terme.
Sharon a construit un nouveau consensus national fondé sur le pragmatisme, ce consensus peut se poursuivre sans lui.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.
El País (Espagne)
Korea Herald (Corée du Sud)

« Ariel Sharon’s triumph » par Barry Rubin, Korea Herald, 9 janvier 2006.
« El triunfo del pragmatismo », El Pais 7 janvier 2006.
« La victoire annoncée de Kadima, le nouveau parti du centre », Le Figaro, 11 janvier 2006.