Pendant la Guerre d’Irak, les médias occidentaux ont montré avec un grand sens théâtral la bonté des forces d’occupation vis-à-vis de la population civile, mais ces démonstrations de compassion ne semblent pas avoir répondu à un but réellement humanitaire. Les habitants du Proche-Orient commencent à croire que l’Occident ne prête attention aux morts que quand il s’agit d’Occidentaux. En effet, on a vu des minutes de silence et des cérémonies à la mémoire des victimes des attentats de Madrid, mais rien de tel pour les 10 000 victimes irakiennes de ceux qui prétendent promouvoir les valeurs démocratiques. Il ne fait pourtant aucune différence pour les familles que leurs enfants aient été tués par Saddam Hussein ou par les « libérateurs ».
Ce sentiment des populations de la région se retrouve dans les craintes exprimés vis-à-vis du projet de « Grand Moyen-Orient » de l’administration Bush et des néo-conservateurs. Les populations de la région associent désormais le terme « démocratie » à la convoitise pétrolière et elles se souviennent que la plupart des mouvements démocratiques de masse qu’a connu le Proche-Orient ont été combattus et supprimés par l’Occident.
L’Occident s’est opposé à la démocratie en Iran, mais a soutenu le régime de Saddam et l’a armé. Les États-Unis ont renversé Mossadegh et plus tard encouragé l’Irak a attaqué l’Iran. Ils ont abattu un avion de passagers iraniens faisant 290 victimes civiles et ont décoré le responsable. Des années auparavant, Kissinger était venu apporter son soutien au Shah en Iran et l’avait autorisé à bénéficier de la technologie nucléaire à des fins militaires, mais les États-Unis font aujourd’hui pression pour que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sanctionne l’Iran sur ce point. L’AIEA a heureusement résisté aux pressions.
Aujourd’hui, les États-Unis ont capturé Saddam Hussein et s’en servent comme d’une épée de Damoclès contre les Irakiens, ils traquent Ben Laden après l’avoir utilisé contre l’Iran. Les gouvernements occidentaux ne s’élèvent pas non plus contre les atrocités quotidiennes commises par le gouvernement d’Ariel Sharon.
« Your history of folly in our region », par Mohammad Ali Eskandari, The Guardian, 15 avril 2004.
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