Les amateurs d’humour british apprécieront la lettre ouverte de Terry Jones aux parents de Tony Blair, publiée par le Guardian. Le scénariste des Monty Python alerte les Blair des difficultés de compréhension de leur fils Tony. Celui-ci ne comprend manifestement pas grand-chose aux relations internationales et se montre crédule face à la propagande états-unienne. Il confond la résistance irakienne avec des partisans d’Al Qaïda, les 600 victimes civiles de Faludja avec des terroristes etc. Bref, Tony n’est pas en capacité de passer en classe supérieure et moins encore d’exercer de hautes fonctions.
The Age reproduit des extraits du discours d’Alexandre Downer, le ministre australien des Affaires étrangères, devant le Club de la presse de Camberra. Il ne semble guère plus apte que Tony Blair : il est persuadé que les « terroristes » sont des nihilistes ne poursuivant d’autres buts que de tuer pour tuer, que l’intervention de son pays en Irak en violation de la Charte de l’ONU avait pour but d’appliquer les résolutions de l’ONU, qu’il a détruit d’imaginaires armes de destruction massive en Irak, etc.
À l’école, il n’y a pas que des cancres, il y a aussi des vantards qui s’enorgueillissent de résultats qu’ils n’ont jamais eu. Ainsi, Daniel Pipes exulte dans le Jerusalem Post. Il aurait été le premier à envisager une résistance chiite en Irak et l’aurait écrit dès avril 2003. Selon lui, il se serait avéré historiquement impossible pour des non-musulmans de gouverner un peuple musulman. Aussi la Coalition devrait-elle se retirer d’Irak, non sans y avoir installé au préalable un gouvernement indigène à sa solde. Problème : les prédictions de Daniel Pipes avaient à l’époque un tout autre sens : il dénonçait une éventuelle manipulation des chiites par l’Iran contre la Coalition. Et, de toute manière, il n’a jamais envisagé de résistance unie, affirmant au contraire que la population irakienne est irrémédiablement divisée en trois groupes distincts et opposés : les Kurdes, les sunnites et les chiites. Enfin, il serait intéressant de savoir, s’il avait prévu une telle situation en son for intérieur, pourquoi il a poussé son pays à envahir et occuper l’Irak.

Les amateurs de « langue de bois » liront avec intérêt George P. Schultz qui croit discerner des possibilités de paix en Palestine. Dans le Washington Post, il assure que la persistance du conflit n’est qu’un problème de méthode. Les Israéliens doivent négocier d’État à État. Des avancées ont été possibles tant que les Palestiniens étaient représentés par un État arabe, comme l’Égypte, puis la Jordanie. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite pourrait prendre le relai. Il faut donc relancer la feuille de route en s’appuyant sur un intermédiaire étatique. Sans négliger le point méthodologique soulevé par l’ancien secrétaire d’État, cet enthousiasme factice est surtout un moyen de masquer les conséquences désastreuses du plan de redéploiement unilatéral israélien validé hier par la Maison-Blanche.
Les amateurs de « parler vrai » liront, quant à eux, Mohammad Ali Eskandari, attaché de presse de l’ambassade iranienne à Londres, qui souligne dans le Guardian l’indécence du discours occidental sur la démocratie. C’est au nom de la « démocratie » que l’Occident a renversé Mossadegh, qu’il a soutenu la dictature du Shah, qu’il a encouragé la dictature irakienne à attaquer l’Iran, qu’il remet en cause le droit iranien à construire des centrales nucléaires civiles. C’est au nom de la « démocratie » que l’Occident occupe l’Irak et soutient les crimes d’Ariel Sharon en Palestine. Quant les Occidentaux ouvriront-ils les yeux sur eux-mêmes et cesseront-ils d’afficher cette bonne conscience ?

Enfin, David Clark, ancien conseiller du ministre britannique des Affaires étrangères, note dans le Guardian que le problème que la politique de Bush pose au monde ne tient pas à un homme, mais à un système. De ce point de vue, un éventuel remplacement de Bush par Kerry ne résoudra rien. Les États-Unis disposent d’une puissance sans égal et dominent le monde. Deux alternatives s’offrent au Royaume-Uni, soit accepter cette suprématie et s’y plier comme le fait Blair, soit construire une puissance autonome avec les autres États européens. Dans ce cas, l’engagement de Londres au sein de l’Union européenne se fera au prix d’une rupture assumée avec Washington.