Aucune autre organisation au monde n’est aussi respectée que l’ONU car elle incarne les rêves les plus nobles de l’humanité mais, comme le montre le scandale autour du programme pétrole contre nourriture au moment où on se remémore le génocide rwandais, ce respect n’est pas mérité. Kofi Annan est peut-être un faux prophète. Bien que respecté et populaire, il a commis de nombreuses erreurs dramatiques même si elles ont été dissimulées.
De 1993 à 1996, il fut sous-secrétaire adjoint aux opérations de maintien de la paix, puis sous-secrétaire général. Sa responsabilité est en cause dans le massacre de Srebrenica. L’administration Annan fut incapable d’alerter la communauté internationale du drame qui était en train de se produire et il ne demanda pas l’intervention de l’aviation de l’OTAN pour arrêter les Serbes. En 1994, au Rwanda, les forces de l’ONU étaient aussi sous sa responsabilité pendant et avant le génocide. Il ignora les rapports du général canadien Roméo Dallaire qui affirmaient que les Hutus étaient en train de préparer « l’extermination anti-Tutsis ». La seule réaction d’Annan fut de demander qu’on prévienne le gouvernement rwandais de ce rapport alors qu’il le mettait en cause. Il resta également d’une passivité extrême suite au crash de l’avion du président Habyarimana.
Malgré ces échecs dramatiques, il ne fut pas contraint à la démission, il fut promu secrétaire général, réélu à l’unanimité et il obtint le prix Nobel de la Paix. Les médias accroissent encore son aura en rappelant qu’il est marié à une suédoise parente de Raoul Wallenberg, mais rien pourtant ne lui permet de se comparer au diplomate suédois.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Kofi Annan et les hérésies de l’ONU », par Per Ahlmark, Le Figaro, 15 avril 2004.