Per Ahlmark accuse Kofi Annan d’être notamment responsable du massacre de Srebrenica et du génocide rwandais, au motif qu’il exerçait d’importantes fonctions à l’ONU à ces moments-là. Les décisions appartenaient alors au Conseil de sécurité, mais Annan était là et constitue un bouc émissaire de choix. Per Ahlmark avait déjà mené la charge contre Hans Blix, pour le plus grand bonheur de l’administration Bush. M. Ahlmark espérait à l’époque jouir de son forfait en occupant les fonctions de M. Blix.
En acceptant une fonction, on endosse une responsabilité. Sidney Blumenthal, ancien conseiller de Bill Clinton, rappelle dans le Guardian qu’ainsi Kennedy se déclara responsable du désastre de la Baie des cochons, parce qu’il était président et qu’il avait cautionné une opération qu’il aurait dû empêcher. À l’inverse, cette semaine, les conseillers en communication de la Maison-Blanche ont dissuadé George W. Bush de reconnaître sa responsabilité dans les attentats du 11 septembre, bien qu’il ait été président à ce moment-là et qu’il eut pu essayer de les empêcher.
Cependant, exercer une fonction importante ne rend pas responsable de tout. Pourtant, Per Ahlmark, ancien vice-Premier ministre de Suède, accuse Kofi Annan d’être notamment responsable du massacre de Srebrenica et du génocide rwandais, au motif qu’il exerçait d’importantes fonctions à l’ONU à ces moments-là. Peu importe que les décisions aient appartenu au Conseil de sécurité, Annan était là et constitue un bouc émissaire de choix. On sera étonné de lire de telles accusations dans Le Figaro. Mais la mode est au lynchage et il est d’autant plus efficace que la victime est d’importance et qu’elle permet d’occulter les vraies responsabilités. Comme à l’habitude, ce comportement est le fait d’ambitieux. On se souvient que Per Ahlmark avait mené la charge contre Hans Blix, pour le plus grand bonheur de l’administration Bush. M. Ahlmark espérait à l’époque jouir de son forfait en occupant les fonctions de M. Blix. Mais l’Histoire ayant donné raison à ce dernier, il n’en a pas été récompensé. Le voici donc qui persiste dans ses méthodes pour poursuivre son plan de carrière.
David B. Rifkin Jr et Lee A. Casey montent au créneau pour défendre l’administration Bush mise en cause par la Commission d’enquête sur le 11 septembre. Ne pouvant incriminer les commissaires, puisqu’ils ont été nommés par le président Bush, ils dénoncent une déviation des auditions par les témoins démocrates. Et ne pouvant défendre la passivité de l’administration Bush, ils assurent que l’administration Clinton n’aurait pas fait mieux. Le procédé est efficace pour écarter toute question sur les responsabilités actives, mais désespérant pour les États-uniens, y compris pour les lecteurs du Washington Times. Car il revient à affirmer que, quel que soit le parti au pouvoir, le gouvernement fédéral est incapable d’assurer la protection des citoyens.
Dans le Daily Telegraph, John Hulsman de la Fondation Héritage dénonce les complotistes de l’Observer. Ces derniers, s’appuyant sur le témoignage d’un ambassadeur britannique, prétendent que l’invasion de l’Irak a été convenue par Bush et Blair en septembre 2001. Mais ce n’est pas parce qu’ils en ont parlé qu’ils n’ont pas essayé de recourir aux sanctions internationales plutôt qu’à la guerre. Bref, les complotistes céderaient à un délire anti-américain au moment où il conviendrait de renforcer la relation spéciale qui unit Londres et Washington. On le voit, le recours à l’insulte pour stigmatiser tous ceux qui contestent la doctrine Bush se généralise dans le monde.
Le professeur Damien Kingsbury n’attend rien de bon de l’enquête australienne à propos de l’erreur d’appréciation par les services secrets de la menace irakienne. Le gouvernement Howard doit en effet faire face aux mêmes critiques que ses homologues états-unien, britannique et israélien. Mais à Camberra, il n’y aura ni déclaration tonitruante d’un David Kay, ni commission indépendante à la Lord Hutton, ni commission parlementaire comme à la Knesset, juste une enquête administrative. Dans The Age, Kingsbury relève que cette enquête sera dirigée par un certain Philip Flood, figure du lobby pro-Jakarta qui a, par le passé, embarqué l’Australie dans le soutien au militaires indonésiens lors des massacres du Timor-oriental.
Henry Rosovsky et Jonathan Jacoby de l’Israel Policy Forum soulignent dans le Boston Globe qu’Ariel Sharon ne peut tout demander à Washington, sans jamais rien offrir en échange. Si les États-Unis et Israël ont lié leur sort, cela veut dire que Washington doit défendre Tel Aviv, mais cela doit aussi dire qu’Israël doit cesser de mettre les États-Unis dans une situation aussi inconfortable au Proche-Orient. Les deux auteurs n’ont pas été entendus par le général Sharon qui a réussi à faire avaliser son plan de redéploiement de troupes lors de sa visite à la Maison-Blanche et a obtenu en supplément une déclaration condamnant le « droit au retour » pourtant qualifié « d’inaliénable » en droit international.
Enfin, Daniele Capezzone et Matteo Mecacci franchissent un pas de plus dans le Washington Times. Les radicaux italiens, qui se sont mués en thuriféraires des États-Unis, prennent prétexte de la répression politique au Vietnam pour attaquer John Kerry, selon eux complaisant avec le régime communiste de Hanoï. On peut difficilement comprendre le soutien systématique aux États-Unis depuis la disparition de la menace soviétique, on comprend encore moins comment il évolue en un soutien à tout propos de l’équipe Bush.
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