L’étude des relations israélo-américaines a occupé deux générations de chercheurs et deux écoles s’affrontent. L’une part d’un « Israël américain » et voit des États-Unis dictant la politique israélienne. Noam Chomsky affirme ainsi que les États-Unis sont la Rome moderne et qu’Israël est son belligérant régional, Sparte. La seconde école projette l’image d’une « Amérique israélienne », une relation complexe où la superpuissance globale adopte la politique régionale de son État client en raison de l’activisme du lobby pro-Israël. J’ai toujours cru que les deux écoles avaient raison à différentes périodes de l’histoire et en fonction du président états-unien, de sa position intérieure et de l’orientation du Congrès.
Après le 11 septembre, le lobby pro-Israël est aussi apparu comme l’école maximaliste dans la guerre au terrorisme, réclamant qu’après l’Afghanistan des attaques soient menées contre l’Irak, la Syrie et la Libye. Cela a placé les États-Unis dans une logique de confrontation avec le monde arabe et Washington apparaît désormais comme étant la Sparte d’Israël. Le but de la politique étrangère états-unienne semble désormais être l’obtention la docilité, pas la démocratie. Blair a toujours eu une approche plus sophistiquée que celle de George W. Bush, comprenant que les menaces devaient aussi avoir une réponse politique et que pour gagner la bataille du cœur, l’Occident doit résoudre la question palestinienne. L’orientation à Washington dépend donc de qui Bush a le plus besoin : Blair sur le plan international ou Sharon sur le plan domestique.
La semaine dernière a connu un triste moment quand Bush et blair ont accepté le plan Sharon, un plan qui, le Premier ministre israélien n’en fait pas mystère, vise à punir les Palestiniens en les enfermant dans Gaza. L’enthousiasme de Bush s’explique par l’approche des élections mais je ne comprends pas l’accord de Blair qui ne reflète pas les aspirations des Britanniques. Sharon agit vis-à-vis des États-Unis et du Royaume-Uni comme s’il s’agissait de ses républiques bananières, les deux pays autorisant Sharon à leur dicter leur politique malgré les assassinats de Yassine et de Rantisi.
Le président états-unien idéal pour le Proche-Orient serait un président qui aurait l’éthique de Carter, la popularité de Reagan et l’audace stratégique de Nixon. Nous en avons un avec l’éthique de Nixon, la popularité de Carter et l’agilité intellectuelle de Reagan.
« Sharon’s banana republics », par Afif Safieh, The Guardian, 20 avril 2004.
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