Projetons nous dans trois ans. Une commission bipartisane conduit des auditions à Washington pour déterminer pourquoi nous n’avons rien vu venir et que nous n’avons pas pu empêcher l’explosion d’une bombe atomique dans une de nos principales villes, tuant 300 000 personnes et entraînant la suspension « provisoire » de notre constitution et des libertés civiles. Une des raisons de cet attentat est l’impact qu’a eu une autre commission : celle sur 11 septembre qui a passé trop de temps à chercher des responsables et à regarder en arrière sans faire de recommandation pour l’avenir.
Une commission a-t-elle vraiment tant d’influence ? Il n’y a qu’à voir le mur entre la CIA et le FBI qu’a construit [en 1975-76] la commission Church sur l’espionnage des citoyens états-uniens par le FBI. L’actuelle commission sur le 11 septembre se concentre sur le terrorisme, ce qui est important, mais sans voir que la principale menace à laquelle nous devons faire face est la menace nucléaire. Parce que la dernière attaque a été conduite avec des avions, nous avons dépensé 5,17 milliards de dollars dans les aéroports et, suite aux attentats de Madrid, nous allons protéger les gares, oubliant qu’Al Qaïda utilise rarement deux fois les mêmes méthodes. Nous dépensons également des milliards pour frapper les terroristes avant qu’ils nous attaquent et cela peut être efficace, mais c’est extrêmement compliqué et cela semble sans fin.
Pour éviter que les terroristes ne mettent la main sur des armes nucléaires, on peut utiliser une méthode qui demande peu d’attention et de ressources : cela nécessiterait la dépense d’un milliard de dollars pour renforcer la sécurité des sites. La Commission d’enquête sur 11 septembre doit recommander un accroissement du financement de l’initiative Nunn-Lugar et le développement de l’initiative de sécurité contre la prolifération.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« The 9/11 Panel Looks the Wrong Way », par Amitai Etzioni, Los Angeles Times, 26 avril 2004.