La crise du Darfour a déjà causé entre 70 000 et 400 000 morts. Cette crise ne peut être réglée que par un accord politique qui s’attaquera aux causes du conflit et c’est ce à quoi les parties en présence à Abuja au Nigeria sont censées se consacrer. Le Royaume-Uni soutient le processus de paix et a financé la réunion actuelle à hauteur d’un million de livres. Mais les progrès dans les discussions sont trop lents et les négociateurs n’ont pas respecté la date butoir du 31 décembre 2005 pour parvenir à un accord. Le gouvernement de Khartoum et les rebelles violent tous les jours le cessez-le-feu et c’est le peuple du Darfour qui en souffre. Les seules personnes capables d’arrêter les massacres sont à Abuja et elles doivent prendre des décisions permettant de reconstruire le Darfour.
Il faudrait d’ores et déjà prendre cinq décisions immédiatement :
 Les négociateurs devraient déclarer leurs positions et les engagements qu’ils sont prêts à prendre.
 Il faut respecter le cessez-le-feu : le gouvernement de Khartoum a la première responsabilité dans la sécurité des citoyens soudanais et doit arrêter les offensives des milices janjaweed. Toutefois, c’est le mouvement rebelle qui est le plus responsable des dernières attaques.
 Il faut arrêter toutes attaques des troupes de l’Union africaine.
 Il faut faciliter le travail des agences humanitaires.
 Il faut livrer à la justice les responsables d’atrocités.
Dans le même temps, les parties devront parvenir à un accord qui amène la paix pour de bon. Il n’est pas normal que les dirigeants rebelles ne soient pas présents aux négociations, contrairement aux responsables du gouvernement soudanais. Ne pas parvenir à un accord ne peut provoquer que plus de morts. La communauté internationale ne laissera pas les responsables de l’obstruction des négociations impunis. La résolution 1591 permet déjà des sanctions contre ces individus.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).

« Darfur : Stop the killing, or pay the price », par Jack Straw, International Herald Tribune, 17 février 2006.