Des analystes des deux côtés de l’Atlantique prédisent une possible divergence entre le Royaume-Uni et les États-Unis sur les questions moyen-orientales. Si c’était vraiment le cas ce serait un coup porté aux États-Unis, et à George W. Bush personnellement, dont la Grande Bretagne est l’allié majeur.
Cependant, il est peu probable que la séparation annoncée soit le fait d’une divergence entre George Bush et Tony Blair tant les deux hommes ont rappelé leur attachement commun à la démocratisation du monde arabe. Si la séparation prévue est censée se faire entre la population britannique et américaine, elle n’aura pas lieu non plus car les Britanniques ne partagent pas l’aversion des Français pour la « grande république ». En revanche, on peut imaginer beaucoup plus facilement une séparation liée au rejet de Bush et de son entourage par la population britanique. En effet, la population est de plus en plus mal à l’aise face à la politique de Washington en Irak et en Palestine et au discours messianique qui sert à les justifier.
En Irak, les Américains ont fait un catalogue d’erreurs sur le terrain que les Britanniques n’ont pas suivi dans leur zone d’occupation. Les chiites sont la clé et il faut traiter leurs dirigeants avec le maximum de patience et de respect. Et si cela doit faire de l’Irak une semi-théocratie ainsi soit-il. De toute façon, ce régime ne ressemblerait pas à celui d’Iran.
Les doutes concernant le conflit israélo-palestinien sont encore plus grands. Soutenir Israël contre les kamikazes est normal mais cela ne veut pas dire qu’il faut soutenir la politique d’Ariel Sharon. Le plan Sharon consiste à former une espèce de mini-État palestinien à Gaza tout en maintenant des colonies en Cisjordanie. Ce plan entraînera la constitution d’une poignée d’enclaves israéliennes. Il est évident qu’il ne pourra y avoir de paix sans retour aux frontières de 1967 et il est tout aussi évident que Bush devrait pousser Israël à tenir compte de cette réalité mais il ne le fera pas avant les élections.
Par sa politique, Bush est en train de perdre le soutien du centre droit et du centre gauche britannique.

« British fault line with Bush », par David Howell, Japan Times, 29 avril 2004.